Des heures durant, lumineuses et si froides, je sillonne la mer en tentant, au gré des vagues, d'une rencontre, de prendre le pouls du silence. Le vent Ponant souffle en grand frais, inépuisable et lourd. Il distance l'horizon, absente, allège...
De belles vagues portent depuis les lointains l'ample résonance d'une monodie marine qui m'est familière. Des rues de nuages denses et ouatées strient le ciel insulaire, obombrent par intermittence le golfe aux " vingt bois " ; sibyllines radiances !
Des hauteurs, de ces vires ultramarines enivrant les sens et le souffle, la gestuelle s'invite, par-delà les mots. La course du soleil, rais et faisceaux intenses, irisent la noria incessante des lames tourmalines et de l'eau en beauté. Les vagues vont comme dunes au désert me conter l'infini vertige d'une larme pure
!
C'est à lire, en Musique, en voyage, à bord de la prose marine
Le vaste détroit happe, destine l'ordre immuable des choses. Il interpelle cette prose bipolaire qui à mes doigts sourd telle la source claire des estives étanche la soif du promeneur solitaire.
Le ballet des ailes matinales souligne, interroge inlassablement la houle et ses secrets. Parvenue au rivage, elle éclot en révélant quelques vagues - songes, sème la nostalgie du délire et du solo ou quelque partition jouée à l'intime d'un choeur sauvage, authentique, toutes les fois inédit.
Il est des lieux-dits qui se rappelent à l'origine, aux dieux de l' Olympe. La Légende des Siècles, les Travailleurs de Mer-Océan, l'Odyssée, l'ombre minérale des Titans, des cyclopes y sommeillent indéfiniment, se devinent en chaque étrange paréidolie que la voie de l'eau et le cours des vents ouvragent, abandonnent en chemin.
Naviguer ne se conçoit pas sans cet irrepressible rappel, une sage nécessité qui honore le Pacte Naturel, ces soupçons d'harmonie que les éléments en phase délivrent à l'instar des instruments orchestrés de la symphonie.
Et d'y adjoindre quelques extra-vagances, ces valses légères que les planches courbes ailées, habitées, animent sans entrave depuis l'univers des saines libertés.
Ainsi du journal de bord qui jamais ne confine aux chiffres, à la certitude, aux vérités tracées.
Ainsi d'une certaine idée du récit, à l'orée de l'imaginaire, à jamais ouverte sur les ciels confondus de tous les possibles, sans illusions, afin de ne jamais les perdre !
Tout n'est qu'azur, éther, alcools, préciosités, exceptions pétrées et végétales.
Qu'un sentiment océanique et ses grandes interrogations opèrent et balaient d'un revers de lame le commun, le contenu désuet des vanités pérennes et de l'éphémère.
Pratiquer les grands espaces, les mondes de la pleine nature en les reliant, vaut viatique essence-ciel, privilège rare dont le capital corps - exsprit n'aurait aucun prix, nourrit l'âme.
En partager l'aura, les pans et les franges iodées, les sels marins, les prémices odoriférants d'un printemps tant espéré relève du hasard et du don mémoriels, à toujours prodigues.
Merveilleuse opportunité qui, " Eau-Delà " , tend et va, labyrinthique, à la semblance du temps, délivrée des basses contigences, en esprit.
Demain sera à la renverse, aux vents Aquilons, de Borée, au redoutable Grecale de la mer tyrrhénienne... Alors, ne prévoyons donc plus rien qui faille au charme et à l'imprévu des Îles.
Que le rêve ainsi chemine à vau l'eau, danse, virevolte et palpite de vagues en vagues, aille à la semblance des papillons et des étoiles, au sein de la mer, de la Grande Bleue, sur la voie de l'eau subrepticement sculptée
!
- MARIN -
En guise de Journal de Board et de Windsurf Report
___________________________