" MARGUERITE "
Je marche seul ; la campagne de nos Anciens n'est plus que ronciers, halliers encombrés, taillis, arbres décharnés, frondaisons envahies de ronces lianes, ruisseaux encombrés dont les eaux usées l'emportent sur le flot clair du torrent de montagne.
Quelques champs rassemblent vaches et petits veaux ! Un taureau gît sa vie dans les recoins ombreux et humides d'une haie d'ifs à l'abandon. Des tombes oubliées en justifient la présence insoupçonnée.
Vers les côteaux, les conterforts de la montagne éventrée par la carrière, une vache hurle ; cri déchirant lancé vers le petit qui lui aura été ôté, à toujours. L'aillaitement, le rapport tendre et durable d'une mère envers son veau, s'en seront allés à l'abattoir et, pour finir, dans l'assiette, le burger, le triple B-K !...
L'appêtit et la panse demeurent, hélas ! aveugle. Il en est ainsi de l'argent qui n'aura jamais aucune odeur ! Quant au reste du cheptel, chaque animal subira le même sort, après avoir été percuté machinalement, suspendu par une patte, saigné. Les derniers soubressauts de la vie signent la cruauté sans pareille du royaume de Barbarie !
Ces créatures auront tout donné d'elles, de la peau au lait de nos souvenirs, de leur chair et de leurs petits que la mort barbare fauche avec une cruauté inimaginable. L'ingratitude est un chasme où le mal plonge sans espoir.
Il en sera de même de l'agneau, du mouton, du cabri, du cochon, du sanglier, du cerf, de tous les animaux que la chasse et la traque fauchent chaque jour avec une impudence, une insolence que l'on doit aux vides et aux inepties juridiques, à la loi qui pue la panse et la vénerie de hautes lignées, en livrées !
Il en sera ainsi du spectacle inique et odieux de la corrida où des milliers de personnes se repaissent ensemble, agglutinées, en vociférant, de ces flots de sang versés, de la mort de l'animal sauvage, du symbole de la force qui mord la poussière et que l'on traîne inerte comme des tonnes de viandes à destination du commerce éminemment lucratif. Jets de fleurs nourris, adulation, les demi-dieux torréent si jeunes, à l'école des veaux arrachés à leur mère ; un tout qui forcent l'admiration de nos élites ! Consternantes dérives ... Patrimoine imprecriptible dit-on, allant au diapason de férocité, l'arme des grands cons !
La malbouffe et ses enseignes tentaculaires règnent plus que jamais sur les consciences ; elles asservissent l'existence que précipite la pandémie, la crise sanitaire. Le temps et le rendement pressent. Après les troupeaux décimés vient le tour de la marée humaine confinée puis traitée comme telle, sans ménagement, avant le couvre-feu.
En haut lieux, on s'insurge contre les repas de cantine scolaire aux menus sans viandes ! On crie au scandale, on rappelle à l'ordre les préfets aventureux, par trop sensibles, on s'offusque !
Ineptes expressions d'un pouvoir discrétionnaire dont les décisions figées puent la mort, l'us et coutume, les techniques affinées de la souffrance et de l'élevage de masse qui rapporte gros !
Ces gens là s'accordent le droit de décider de la vie des générations futures, sans nourrir le moindre espoir de changement, sans fertiliser les mentalités et les rapports à la vie, à la nature, à la diversité des espèces animales et végétales, sans entrevoir enfin un posible tangible et durable, sain, mesuré, sobre, respectueux du Tout.
Je viens d'apprendre que des milices armées frappent des troupeaux en divagation, en Corse, sous le couvert des autorités de l'état. Forfaits perpétrés la nuit ! Quid du couvre-feu ?
Funestes pratiques qui nous ramènent aux temps de la Gestapo et des bérêts noirs. On agit la nuit, encagoulés, en ville ou en banlieue, avant l'intervention de la police ! Faits accomplis et dossiers jetés dans les culs-de-basses-fosses de l'administration tutélaire et centralisée, des-cons-centrés .
Que devient l'avis de milliers de personnes et d'une grande partie de l'opinion qui souffrent de telles pratiques promptes à souiller le quotidien, la sérénité, la condition animale, le savoir - être et vivre en communauté de biens en bonne entente
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- MARIN -
Mal de Terre _ Mal aux Mondes
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