SANS ASSISTANCE ! ...
Un site insulaire immense que balaient le Ponant et le Mistral... Renverse possible Ouest _ Est
!
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RECIT
Le sentier pierreux serpente, fond vers le littoral en se frayant un passage, chaque année plus bas et plus étroit. Le maquis dense m'ôte la vue sur la mer ; j'en perçois la lointaine rumeur. Les écueils apparaissent entre les bois ramés que le vent balance violemment. La houle bat et rebat la roche mordorée cernée d'écume. Un grondement puissant, incessant, qui ne laisse aucun doute quant à l'épais festonnement des vagues qui cassent et qui déroulent en contrebas. Cécité forcée mais ô combien fertile en évocations, en supputations ! Je viens les trouver, les rejoindre, elles me manquent.
Un temps radieux et frais nous accompagne. Dernières profondeurs de l'hiver et ses frimas avant la torpeur brumeuse des étés caniculaires. J'emporte mon matériel et tout ce qui peut dépanner une fois rendu sur site. Choisir le bon gréement et la surface de voile qui convient présente toujours un risque : être la cause d'un écart aux conditions de mer et de vent préjudiciable. La distance qui nous sépare du stationnement suppose que l'on ait rien oublié en amont mais, tout préparé et prévu... Une heure de marche lourdement chargé font de l'aller et du retour une épreuve, surtout après 2 ou 3 heures de navigation.
Ce jour est au Ponant, à ce puissant flux de secteur Ouest qui balaie la côte occidentale de notre Île et, plus particluièrement, l'Extrême - Sud, dès le Tournant, vers " Ulmetu ". Des noms de lieux qui sonnent clair, qui parlent, qui enchantent et attirent inéluctablement. Légendes, récits, contes, bestiaire minéral en font une destination incontournable. Depuis la route, le panorama rassemble du monde, interpelle. Mais le trait de côte se négocie, se mérite selon l'appétence de tout un chacun pour la marche et le temps de la découverte, de la curiosité, les piments de l'aventure.
Au terme d'une demi-heure de progression, le littoral s'offre, à proximité de la mise à l'eau. Un épais massif de genèvriers protège du vent fort. Le soleil darde de doux rayons vernaux. Il flotte comme un dense parfums d'asphodèles. Le sable chaud, la lumière, le rayonnement solaire matinal réconfortent. Je renoue enfin avec ce vaste cirque marin où se joue le ballet lénifiant des vagues. Les marées de tempêtes ouvragent et recomposent les dunes d'algues. Remparts naturels. Nous disposons d'un petit abri que nous aménageons pour déjeuner, réaliser des prises de vues à l'endroit propice.
Encore agité, le Line Up prend de l'ampleur. En après-midi, les vagues se rangeront, plus belles et plus lisses, révélant une insolente période. En ce premeir jour de Solo et de conditions, je mesure, j'entrevois le potentiel infini de ce Site, de cette aire d'aventures extrêmes
!
Une longueur d'onde insolente
!
Plus au large, deux écueils rivalisent, se défient en se livrant à de fortes compressions de houle. Les hauts-fonds opèrent en silence, sans prévenir ; blanches apothéoses que survolent cormorans, puffins cendrés, goélands, les êtres emblématiques de nos côtes acérées.
Quelques moments précieux me séparent de leur monde de brisants, d'écueils, de lames. J'observe attentivement la baie, depuis la balise qui se dresse dans le Suroît, mesure longuement la force du vent à l'anémomètre digital, jette une oeillade rapprochée depuis les jumelles marines qui me concèdent l'amplitude de la houle, sa période, la fréquence des séries, leur nombre moyen de vagues. Un lâcher d'algues séches dans le courant d'air confirme les données principales et les paramètres de ce Solo inédit, à part, singulier. Eviter l'erreur, ménager une marge de sécurité, avoir cerné deux points de réchappes où atterrir avec son matériel, l'un au vent et, le deuxième, sous le vent.
Le vent souffle en Grand Frais de secteur Ouest ; je relève de bonnes rafales. Il s'est établi en haut de plage, à la force 6 Beaufort ! 25 /27 Noeuds. Je grée 4.5 M2 et le Quad Fanatic 87 Litres. Je prends soin de capeler un gilet de protection, avec un surcroît de flotabilité. L'accoutrement rassure un peu. Quant au casque, il reste de rigueur, un incontournable, sur lequel est fixée ma caméra embarquée, une Go-Pro Collector Hero 1
Je m'en remets donc à un nouveau Solo. On en prend jamais l'habitude. Il est source d'appréhension, de crainte, de réserve. Il convoque l'humilité et ne m'ppartient déjà plus. La longue marche qui nous mène sur zone alimente à chaque pas interrogations et semblants de réponses. Ainsi de l'accroc aux habitudes, au confort, à quelques hypothétique réconfort que le nombre devrait pourtant apporter en d'autres lieux prisés et fréquentés.
Mais je sais et mesure la valeur de l'engagement solitaire, de la navigation solitaire, de ces pans de côtes que je sillonne en levant des essaims d'oiseaux posés sur la mer, osillant entre crêtes écumeuses et vallonnements mouvants.
Je m'emplis du chant des vents, des bourrasques, de ces tourbillons d'embruns bruissants qui viennent souffler, fouetter la surface des flots, le visage d'une présence.
Aucune impression ni re - présentation ne prévalent ici ! Tout en ces lieux témoigne du grand espace. Le rivage, ouvert au large, au courant et aux rapides flux d'ouest ne confine plus au mirage mais confirme l'immensité. Où et quand virer de bord, revenir, feindre de gravir la montagne qui tombe dans la mer, si proche ? Les vents en ces parages tourbillonnent souvent, l'hiver, lors des fortes à violentes tempêtes, happés par les dépressions marquées et les dénivelés du relief. Les vagues déferlent et ne connaissent aucune autre limite que les fonds qui les amènent à chuter, trébucher lourdement.
Un Solo, une navigation, un vécu labyrinthique, un récit océanique, soit, mais que de révélations, de pensées en mer, d'appels qui des nuages en ballons aux fameux lenticulaires de l'en-deçà des monts, fascinent, fulgurent l'instant
.
Insigne, le signe du ciel parle "Eau-Delà " de la logique, de la raison, des chiffres ! Il annonce ce que les oiseaux captent et interprètent
S'élancer entre deux vagues, s'élever dans les airs, cingler vers le grand écueil et ses rouleaux de nuages, empanner proches d'une pointe, d'un cap, aller et revenir selon la noria des vagues, tout cela comble le Solo, la solitude, l'âme à la mer qui s'oublie afin de relater, de tracer un possible sillage, de laisser comme une empreinte sur l'azur, là-bas, après le Tournant, au pays des tours, des témoins de l'éther, du sphinx et du rocher philosphal, gardiens du Détroit, d'une plainte Tasmania ...
Je promets de revenir, avec d'autres vues et images de ce site fabuleux pour le WIND -SURF, un site sans aucune limite, dont le nom vernaculaire coule de source
" ULMETU "
!
- MARIN -
SOLO - SOLOS EXTRÊME
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