ECRIRE / AU-DELA DES CERTITUDES ! ...
Un jour / Cap Corse
L'écriture, comme d'aucuns le prétendent ou le sous-entendent communément, ne confine ni à la certitude ni à l'énoncé de vérités tracées ! Elle exprime les rapports aux mondes qui nous entourent, livrée à l'imaginaire, à l'émotion, au ressenti, à la vision des choses qui parlent et interpellent ... Quête de la représenation dont on appréhende les limites, la temporalité, le paraître, les manifestations de la dominance ? Non pas vraiment ! L'écriture s'échappe de tous ces artifices qui ne valent en définitive rien d'autre que les pâles reflets qu'ils entretiennent en figeant la marche du temps et des systèmes dominants.
Mais que l'écriture, - Littérature et Poésie - rejoigne les sphères de l'Art, de la création, comme la preuve tangible de la profondeur de l'âme, de l'être duel réconcilié avec le tout dont il participe profondément au nom de la complétude, de l'harmonie. Qu'elle initie pas à pas auteurs et lecteurs à l'échange et au partage incessants qu'elle suppose afin d'en être la raison et la noble dynamique qui mobilise sainement les acquis mus sur la voie des possibles ... Ecrire, se prononcer, émettre un avis, évoquer un sujet, deviser, se projeter, n'est-ce pas aussi participer à la course éphémère des certitudes dont on sait l'extrême labilité ? Et de se soumettre, humblement, au principe iniatique de la voie ?
Abhorrer la certitude ne circonscrit et ne traite guère la teneur de l'acception mais, s'exonère de l'essentielle opportunité du vivant de survenir aux aléas de la vie, de la temporalité, de l'existence, de la personalité en devenir ! Car que ne serait - elle d'autre que cet état fragile et sursitaire dont nous percevons les limites ! Qu'adviendrait-il sans les certitudes momentanées et durables de la science, de la médecine, ces pans de la connaissance qui nous permettent de traverser mentalement et physiquement le quoditien de l'être individuel et social que nous sommes et devons assumer selon les termes énoncés par E. Durkheim.
Comment qualifier ces champs scientifiques poussant toujours plus loin les domaines et les niveaux de la recherche afin de rallier la co-naissance, d'initier la co-habitation aux mondes, aux autres, à la diversité et au respect que nous leur devons, au-delà de l'acquis circonstancié, de la raison épisodique, du culte voué au chiffre et au rendement des systèmes asservis, aveugles.
En dénoncerait - on la véracité qui accompagne et justifie le soin, l'aide, la solidarité, le progrès, l'évolution, l'approndissement de la complexité et de la ténuité du vivant ?
S'il est un domaine où la certitude devait pêcher, faillir, en imposer arbitrairement, il en sera principalement de l'usage qui en est fait, à tous les niveaux de l'organisation, de la hiérarchie des hommes, de la genèse de l'orgueil, de l'inintelligence et de l'inconnaissance programmées, que l'exploitation systématique, intempestive et incontrôlée de la mesure perpétue, au-delà du sens de l'existence pacifique et spirituelle, créatrice, innovante ou inventive à souhaits.
Toute réponse laconique et brutale à de telles questions témoigne de l'unique certitude que l'évitement caractérise. Le refus d'aborder l'essai de définition et de dissertation rend compte de l'enclave dans laquelle précipite le questionnaire basique et le commun des propos balancés au tout venant du commerce stérile de l'information de masse.
Et si la quête de la certitude devait nous abandonner, je ne donne alors pas cher du devenir de tous les champs culturels et scientifiques qui nous définissent et nous projettent vers un avenir meilleur, allégé de la contingence et de l'atavisme primaire.
Être certain de quelque chose ne s'entend point de façon linéaire, entière, absolue, obtuse ! Tendre vers la certitude, la vérité du moment, en toutes inclinations au discernement, réduit les écarts à l'erreur, à l'approximation, au hasard, à la stricte nécessité, à l'exclusive du credo et du dogme, soit aux manifestations obscures de l'arbitraire.
En cela, la certitude devient vitale et salutaire, une étape, un aller et retour entre théorie et pratique et, plus encore, selon les principes de l'intarrissable flux et énergie des réactions en chaînes que toute relation aux mondes suppose et génère. Nos comportements le révèlent tous les jours, en chacun de nos actes, au long cours du cheminement de la pensée et des actes attenants.
Puissions-nous être certains de quelque chose, en quelque domaine qui soit de notre monde où d'ailleurs ? Là n'est plus la question.
Je contemple un tableau de maître, l'oeuvre d'art d'une personne qui m'est inconnue ... Quid de la certitude que celle-ci soit belle, chère, rare ? Qu'importe ! Elle offre au regard mille autres vérités, celles vers lesquelles son inventeur se sera livré, corps et âme afin que nous en cueillons au vol d'un regard, à l'instantané d'un coup de foudre, de la subjectivité éclairée, la quintessence de la matière et du sujet sublimés, transcendants.
Oui, j'ai la certitude de perdre un frère quand il meurt de faim, de froid, de solitude, de misère, à la guerre
quand la mort fragilise et fauche, au sein de la fratrie, les racines du ciel,
quand une balle traverse l'enfant, l'être non humain, méprise la vie sur tous les fronts de l'agressivité et de l'indifférence qui la cautionne
!
- MARIN -
Réflexions - Pensées autour du thème de la Certitude, une opportunité nécessaire et éminemment sociale quand elle participe du tout qu'il nous incombe d'appréhender, par les myriades de voies qui y mènent
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