ADIEU - VA ( T ) - VAT
Brins d'épilogues / Âmes sensibles ou exposées, ne pas lire
Les années auront passé. L'éphémère durée n'aura jamais autant pesé sur les épaules, meurtri la hanche, courbé le dos, raidi les doigts. Le temps qui fuse m'est un décompte, l'improbable décours d'une maladie qui pourtant n'en est pas une ; doit-on toujours y voir la marque impitoyable de la sentence ! Le vent claque les portes, les fenêtres une à une se referment, le chant de Vieil Océan vire à l'homélie, au nom de la mémoire immensurable du Grand Bleu.
Aucune autre issue que le sursis, l'impasse, la voie sans retour. Fortune de mer, accident de parcours, le destin veille, s'embusque. Pressentiment incessant ou vision, prémonition, rien qui ne soit pourtant tangible. La chape s'alourdit, s'épaissit, enténèbre chacun de ces vains pensers, inexorablement.
Le corps s'exprime ; lassitude. La douleur, la raideur s'entent au geste et le mouvement rompt à la fluidité, à l'aisance de la danse, fût-elle macabre, funèbre. J'ai dans la tête qui résonnent comme un chant, une oraison, Maldoror pour horizons !
Le mental trébuche, oscille, peine à joindre les deux entités dont je sais l'une d'entre elles perdurable. L'on voudrait encore y croire, oser, risquer avec la motivation de la passion mais la confiance déjà appareille. Préserver, entretenir encore un peu ces formes de corps jadis esthétiques. Terrains de jeu de l'indéfectible instinct débusquant à l'instantané de l'audace, de l'impudence, quelques jeunes réponses spontanées, stylées, tant aisées ; le pari est audacieux, présomptueux, souvent insensé, éperdument hauturier !
S'il est indéfectiblement et toujours temps, une occasion, une raison déraisonnée d'interrompre le séjour,
qu'importe l'addition des années, le sous-total que la machine corporelle affiche ! Adieu - vat... Un corps finissant pour dernier port, un corps que le rapport aux mondes emporte, inconnaissant, déconnecté, hermétiquement programmé à disparaître.
Mais après tout, quelles aubaines, quand de s'envirer jusqu'aux quais des sains alcools océaniques, avant que de sombrer dans les brumes des trépassés, de faillir par procuration, en vertu du dernier comme de tous les verdicts auxquels l'on ne pense que très rarement.
La balance penche. Le sablier syphonne, la pente et tourbillon enivrent. Alors, de redonner un sens à tout ce que l'on fait. Par-delà l'intensité, la nouveauté, l'inhabituel qui séduisent, entrer en résonance avec la moindre once de vie, ces liens dont on eût jamais cru possible la clarté, la force, la profondeur, l'étendue d'un réseau sibyllin.
Qu'un chant d'oiseau, à l'aube, étonne et surprenne et c'est un autre jour qui nait et s'annonce quelque part, loin des habitudes, libéré de la contingence.
Une fleur éclose au bord du chemin, un parfum diffus partent sitôt à la Recherche du Temps Perdu, hier, demain, ailleurs, toujours.
Et si la tâche et le devoir s'imposent, y voir et y déceler la présence d'un Tout, d'un solennel Dessein sans lesquels, participer, confinerait à la dérision, au simulacre, à la Chute.
L'Albatros adulte assume la couvée jusqu'au grand saut de l'unique petit d'un couple fidèle. Puis il part, pour de longs mois, parcourir les vastités, planer et vivre le plain-azur, les vents rugissants, hurlants des hautes latitudes.
Reviendra-t-il pour le temps des amours éternels, rejoindra-t-il sa compagne parmi la multitude ? Pense - t - il avoir accompli sa destinée toutes les fois qu'il reprend le large depuis les falaises ? Mesure-t-il les risques et les dangers d'une longue traversée, la probabilité de disparaître, malgré lui. Il accepte le prix de cette allégeance aux conditions du départ que lui offre le grand saut vers l'infini et l'éternité.
Ailleurs, ici-bas, au-delà, hier ou demain, que la mise d'un jeu labyrinthique honore l'échiquier de la vie et de la mort. Si la lutte ici-bas s'avère sans merci, soit ! La partie est terminée, ou presque
Echec et mat
Adieu - Vat
Encore une dernière carte à jouer, on dira pour voir ! Au dénouement de la Grande Enigme. A la solitude prodigue de pensées, guise de paraclet. Il me tarde de me consumer, de m'alléger, d'en finir sur l'allégorie au départ des oiseaux migrateurs
- MARIN -
Le Bout de la Route
1 ère Ecriture le 22.05.21 / à l'intime de la blessure
2 ème Ecriture le 23 Mai 2021
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Tous les mots sont pesés et bien penses.
bravo joss