ECRIRE ? ...
Oeuvre Salvador DALI
J'ai décidé d'écrire, guidé par une profonde motivation, il y a bien longtemps, dans des conditions très difficiles, pénibles, vitales ! L'écriture, comme toutes les formes de l'expression culturelle et artistique, se révèle sans limites d'espace ni de temps. Juché entre les deux pôles de l'émotion et de la raison, où et comment l'écriture puise-t-elle vraiment son inspiration, quelles parts prennent dès lors la volonté et la représentation que que je me fais de la réalité, de l'acte agissant, inter-agissant avec les mondes qui nous entourent et nous constituent en tant qu'être au temps ?
Je m'évade, elle distance, au-delà de la contingence éphémère. Tendre vers l'esthétique, la musique, la couleur, le parfun et la douceur des mots. Si les champs de la pensée se livrent à l'improvisation, à la découverte, à l'émotion, l'inspiration quant à elle ne peut manquer au fond. Il lui faut soigner la forme, l'arcature du texte engendré, les circonstances qui du rêve à l'étant, au réel et à l'imaginaire jalonnent l'existence, projettent ailleurs .
Des arcanes de la paranoia au trouble bipolaire sévère, du gène schyzophrénique transloqué aux chaos de l'acquis et de l'arbitraire, je n'aurai eu de cesse de fréquenter les voies embrumées du cancre des écoles et du rebelle que je fus. Il est temps, pour le poéterau, l'écrivailleur que je suis devenu en déraillant, en glissant malgré moi, selon " des voix intérieures inoculées ", de revoir toutes ces piètres copies, d'en sauvegarder le fil de la source, d'en travailler sérieusement la forme, la syntaxe, la fluidité de la pensée. Tâches ardues !
Il me faut désormais revenir sur ces élucubrations, ces velléités de poèmes et de proses aussi glauques que maladroits, plus enclins à témoigner d'une incapacité notoire dans le genre littéraire que de la mîtrise de la langue de Ronsard, de Molière. Soit !
Que je m'attèle, chaque jour, à reprendre un à un, littéralement, dans le fond et la forme, ce que l'esprit en désordre, soumis au lourd pathos existentiel, aura généré d'inepties et d'envolées dityrambiques insupportables ! Mea culpa... Je dus choisir entre les effets cathartiques de la confession et l'exacerbération d'un sur-Moi exagérement nacissique, incontrôlable ! Puis-je désormais me corriger, prendre du recul, un tantinet de hauteur, relire attentivement et retravailler ce que j'aurai couché sur le papier numérique en usant du clavier froid, impersonnel. Me retouverais-je, qui sait ! au plus près des choses et des faits tombant sous le sens, selon l'exigence de la clarté et des exigences de la langue française !
Devisons aux côtés de la mort, guise d'exemple commun, de cliché, d'extrapolation opportune, contextuelle
Il n'est jamais trop tôt pour évoquer la mort. Elle coudoie et talonne la vie, de la naissance au grand saut, sous des formes diverses, parfois et souvent, inexprimables. Sujet tabou, amplement éludé, tracas inopportun dès lors que le cours de l'existence, insouciant, prédomine et s'impose, heureux, comblé, injuste, choyé !
La mort et la vie ou l'inverse, il n'y a pas d'ordre quand de venir aux mondes signifie parfois souffrir et mourir ! Guise de duel impitoyable que les deux dominantes se livrent, sans merci, suivant et selon les aléas et les vicissitudes de l'existence. Face à la mort, prétendre que nous sommes égaux relève de la gageure, de l'ineptie, sachant que c'est là, indubitablement, le lot de la condition humaine, une évidence. Alors, mourir, quitter Terre tout en s'y confondant, poussière parmis les myriades de myriades de poussières. Questions de temps, de sursis, d'échéances, de hasard et de nécessité, de chance !
On y laisse sa barque à l'ancre, au corps-mort affirme le marin. On relache au port, au gré d'une fortune de mer, quelque part ailleurs, vers un dernier mouillage forain !
Mourir à tout ce qui reste et demeure du domaine de la durée ; visible, palpable, enfin aux sens comme à la conscience ici-bas tant régentée ou asservie aux rouages du système, aux thèmes de la tragédie humaine et humanitaire que je rencontre chaque jour sur ma route ...
Que l'on ne s'y méprenne plus ! Rien ne saurait être ici-bas qui disparaitrait sur le champ et à jamais, sitôt le grand saut survenu ... Si l'empreinte et la trace se noient dans le lit pulvérulent de l'oued comme dans les sables du désert, le sillage sur la mer, que le souffle l'emporte, s'échappe. Ainsi du dernier soupir, de la dernière attache qu'il nous faut larguer.
Qu'importe la confrontation dont l'issue matérielle, la finitude, l'étantité terrestre, inexorablement, greveraient le quotidien et l'espoir de toute destinée.
Que j'accorde à l'énigme paradoxale le soin de révéler la face cachée de l'horizon, l'autre rive. Accréditer l'hypothèse de l'éternité ; alacrité de l'âme chère aux antiques en quête d'immortalité. Quel fabuleux décours
!
- MARIN -
https://fr.wikipedia.org/wiki/Lexique_de_Martin_Heidegger
Portrait / Marin
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