ENTRE DEUX BORDS ! ...
A la dune qui se défend et qui en de si nombreux endroits se meurt, aseptisée, déposédée de ses moyens de lutte contre l'érosion, rognée, souillée, dévastée, condamnée à disparaître sous les gravats et le tuf, les parkings, à ces pans de Terre insulaires que nous connûmes radieux, étincelants et qui ne sont plus que recouvrements et accaparements
Je saisis mon appareil photo et me pose sur le sable, entre deux bords. J'ai sous les yeux un ravissant parterre de chardons bleus des dunes en fleurs. En arrière plan, une longue ganivelle en bois de chataignier délimite la dune et le maquis littoral. Des hommes, respectueux de la Nature, l'ont ainsi préservée, protégée, réhabilitée ; un modèle qui devrait faire école et essaimer tout autour de notre île, là où le béton a dénigré les noces de la terre et de la mer.
La chaine de Cagna canalise le Ponant qui souffle en grand frais et ne rafraîchit guère l'atmosphère. Le soleil est au zénith, darde ses rayons mordants. Une lumière radieuse inonde le grand sud de l'Île de Corse, un domaine désormais vierge, ouvert au large. Tableau de maître !
Ces plantes juchées sur le sable brûlant traversent les longs mois de l'été en assurant leurs besoins en eau. Miracle, mystère, la vie pourtant foisonne, rayonne.
Nous voilà en présence de l'herbier des sables, vivace, à l'instar des lis maritimes , ( Pancratium maritimum ) . Etonnant reflet, accolade de l'herbier sous-marin de posidonies à son homologue terrestre. De nombreux insectes, des lézards semblent y loger. Les guêpes et d'autres pollinisateurs s'affairent, virevoltent, se posent, goûtent le pollen puis s'envolent vers le maquis, d'autres corolles. Ainsi de leur forêt !
Une floraison généreuse, un sens du détail sidérant la raison, un réseau de nervures et de feuilles farouchement défendues et, cette délicatesse qui nous rappelle à la beauté de la Rose, aux questions du petit Prince : _ " Dis, pourquoi les roses ont des épines " ?
Un instant, un regard suffit à l'évocation spontanée de quelques pans de désert finissant à l'orée de l'océan, du grand bleu. Relativité de l'espace - temps dont il importe de saisir au vol toutes les facettes de l'étant. Si l'immensité fait défaut, alors, sachons la déceler en toutes choses, sous d'autres proportions, pour le plus étonnant des voyages, vers l'infiniment petit !
Je me promène en suivant un long cordon sablonneux ; une frange de rochers contient l'érosion, retient le temps. L'eau, les vents en apportent sans fin les nobles constituants. Vagues et marées de tempêtes parfont l'ensemble. La belle dune reprend en amont de l'ampleur, dévale la pente et vient souligner de splendides mares temporaires que l'hiver abreuve. Jardins aquatiques, oiseaux limicoles, oyats, maquis et printemps odoriférants jouxtent le grand domaine que berce le champ des rouleaux, le chant général du maquis
- MARIN -
Naturellement Nôtre - Evocation
2 ème Ecriture le 02.07.2021 - Mille excuses pour les fautes !
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