Ci-dessus, une courte fenêtre avant submersion ! Cris mate au vent l'arrivée de la série ... Ci-dessous, un TMA, soit " Temps Maximum en l'Air "
Je garde dans ma souvenance et qui me reviennent en boucles et en cheveux d'embruns, ces champs azurés que les vents emportent comme un lointain écho.
Ces clartés de l'hiver jamais recommencées, participant du Tout, livrées au périple de la solitude et de l'échappée que chaque lendemain découvre.
Voies d'eau et de pierres insulaires
J'ai dans un regard-océan ces pans de voyages qui défilent et s'en reviennent d'une île emmenée autour des mondes. Les conditions de temps et de mer y ouvragent indéfiniment depuis les cimes...
Perpétuelle mise en oubliance que les mouvements de l'azur, les figements sans âge de la Terre des rivages et des lumineux sablons.
Rendu aux éléments dont je perçois le lien profond et accompli, comment ignorer les risques, la mise osée que chacune de mes virées recèle, requiert et brandit telle une prémonition, depuis l'aube.
Point de pari, aucune visée vers l'exploit mais cette volition affirmée de ne jamais faillir aux révélations de la pleine Nature, de manquer au cortège et au florilège des possibles que le solstice accompagne droit dans l'embrasure minérale d'un soleil bas et traversier.
Il est des lieux où l'Île de Corse se dévoile, se fait belle et meurtrière à la fois. Tels une fresque, un tableau, une marine impressionnistes, un fabuleux choeur d'orgues pétrés, mordorés.
L'azur turquin et si profond, les flots iridescents des risées ne laissant plus de chatôyer les heures du jour, les contrastes, la fantasmagorie des formes et des compositions granitiques, métamorphiques qui s'envivrent de vagues tour - malines ... Que j'aime et redoute ces bordées subliminales
!
Dans le profond ressac, prendre le tempo de l'onde et de la moire puis, glisser aux pieds des colonnades de granite ; on y perçoit le chant du temps et de la pierre que la modernité ne saurait submerger de béton
Que de voies d'eau et de pierres polies
Ecrire, transcrire, c'est laisser une empreinte que vagues et tombants cèlent l'espace d'une pensée erratique, de la chute, du vertige recherché en pleine fenêtre de vol libre.
Je ne saurai rompre à la moisson de ces tableaux de maîtres que je grave à l'intime limbique du " roseau pensant " que je demeure ici, ces visions et ces émotions que je confie au sillage, en compagnie des oiseaux marins.
Si l'engagement parfois péche par excès de témérité, par défaut d'humilité, il n'est là aucune impudence ni prétention, ni désir de " briller " ! Je laisse ces dispositions à de probables incompréhensions ou à l' insuffisance regrettable de mes propos, m'en exusant et promettant d'y revenir pour en corriger les manquements.
Il me faut aller à la rencontre de l'inhabituel, de l'imprévu sachant que je ménage avec recul et prévoyance une réchappe, un point de repli que mes possibilités viables du moment peuvent rallier. Est-ce là suffisant pour m'assurer du retour, la survie ?
Quant à la blessure, à l'accident, à l'incident de nature physiologique, à la perte de conscience ou de vigilance, ils constituent ces points probables de rupture et de dépassements de soi impossibles à tenir et à vaincre, qui relèvent de la gageure ; je le sais, l'assume et fais selon, en connaissance de causes multiples
!
Ci -dessus, " Emmila " anticipe à distance la rafale. L'objectif bouge, le vent et la planche courbe exultent
Le vent d'hiver égrène mes sorties en mer. Je me dois à la prose, à la poésie qu'il éveille en moi. Je le ressens et le crains, de plus en plus violent, brutal ; et il le sera devenu depuis quelques années, au fil de ces épisodes tempétueux d'une rare intensité ! Si le matériel se montre encore et toujours adapté, bien réglé, la mise en situations requiert une adaptation, une réponse de tous les instants, sans faille ; s'y préparer, très sérieusement.
Le port du casque et du gilet ne suffisent plus lorsque l'on s'expose aux accores insulaires, aux écueils, aux ressacs. Chaque baie, chaque golfe, chaque anse procède différemment, avec spécifité, selon maints paramètres influant sur la navigation, la nage, les phases du départ et du retour à terre.
Evaluer les mouvements de l'eau constitue un préalable incontournable. Y avoir déjà lancé des bois flottés et constaté la trajectoire que lames et courants leur imposent. Eviter de nourrir le hasard. Se mettre à l'eau et attendre, prendre ses repères, noter la dérive tant que les conditions le permettent.
Gréer du matériel éprouvé, le vérifier, l'entretenir, tout en admettant que ces précautions et ces mesures n'éffacent point le risque Zéro ... L'avarie fait partie de la navigation, de l'aventure. S'entraîner et se montrer bon nageur peut aider, mais au-delà, il y a le comité d'accueil, impitoyable
!
Ci-dessus, à l'eau, ne pas tarder - prendre ses repères - lire le milieu et ne pas se tromper d'amure ; je m'y serai déjà attardé afin de vérifier la dérive, entre 2 séries espacées ... Mais il n'y a aucune certitude, configuration allant à l'identique !
Poser le saut et repartir avec la compression. L'entre deux ondes ajoute à l'envol et longer la barre rocheuse
Une île, ces appels qui lancinent la nuit, ces vagues tout à la fois féeriques et tueuses quand elles se dressent ailleurs, nulle part, partout, hier et demain ! Entre appréhension et irrepressible volition !
Elles manquent aussi et parfois à leurs promesses bien que la tempête souffle très fort... Je sais la mer du vent, les courants de surface intenses, les rivages propices à la levée de ces ondes subreptices que l'on apprivoise pas et qui me happent et m'attirent sans fin.
Je m'y rends, sans rien attendre d'autre que l' expression et l'expansion mystérieuses de l'harmonie, d'un moment, d'un choeur de choses vraies, envoûtant.
Ainsi des retrouvailles mais aussi cette impression, la sensation d'un vide magistral, de clairvoyance duelle oscillant au terme de l'inutile et de l'accomplissement.
Le jeu, la mort, la violence ne se coudoient-ils, n'engendrent -ils pas
?
- MARIN -
ÎLES _ Tempêtes et grosses vagues
1 ère Ecriture le 20 Septembre 2021
Clichés réalisés à mains levées et signées " EMMILA " lors de deux Tempêtes Corse / CHJARA & DIANA ... Navigation vers MAKKENA _ Grand Sud Isula
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A lire, on dit.....vague !!!! J aime bien quand tu fais dire aux mots deux choses à la fois, donc je "copie".
Bravo à la photographe .