CROISER LES BRISANTS !...
" Nous sommes solitude "
Rainer Maria Rilke
Il est toujours, quelque part, autour de la Grande Azurée, de l'Île de Corse, une anse, une petite crique. Les entours, sous le vent d'une pointe rocheuse parcourus de risées, permettent de s'élancer et de prendre son envol sur les flots. Regagnons l'Ether et ses rouleaux d'écumes fascinant, fulgurant les sens.
La houle, le ressac ne travaillent alors plus au rivage. Il me faut rejoindre en nageant, en traînant mon esquif vélivole, la veine d'eau, la baïne, les courants d'air qui m'arrachent à la côte, qui m'élancent vers le large. Se mettre au plus vite en sécurité, loin de la côte souvent découpée. Ne pas S'exposer au vent des rochers et des brisants acérés. La profondeur devenant dès lors une alliée cironstanciée...
Du grand frais au fort coup de vent, de la marée de tempête à ses violentes rafales, chaque mise à l'eau, chaque départ ouvrent au hasard, à l'imprévu, à l'inconnu et cela, quelque soit le seuil d'accoutumance et de connaissance dont on dispose des lieux et du site investis.
L'extrême vogue à ce prix. La mise engage, sans compromis. Le retour, pieds nus foulant enfin les arènes granitiques ocreuses et le sable chauds, apporte son lot bienfaisant de quiètude et de soulagement.
Quoi trouver en mer, au-dessus des hauts - fonds et du récif ? Nombreuses inconnues auxquelles répondre, à gérer, traiter, résoudre, appréhender dans la fulgurance de l'instant et de l'exposition.
Tout est si brutal, soudain, imprécis, aléatoire, subreptice ! Qu'à cela ne tienne... Mais au plus près, garder une lecture attentive du domaine marin et des conditions aérologiques parfois capricieuses. Répondre tout en anticipant ; préserver quoi qu'il advienne une certaine avance sur la probabilité du fait, du phénomène inhabituel voire rare qui se produit, qui surprend.
Dans l'azur profond et le septentrion intensément bleu, une haute lame marque la limite large d'un vaste récif. D'autres suivent, plus hautes et plus lisses, puissantes, massives, si rapides. Elles finiront leur course en ceinturant les hauts-fonds, en déclinant toutes les nuances et les teintes de la mer lactescente
***
Marge d'erreur ? Elle n'est ni permise ni envisageable... Mais comme le disent les marins, observer ce " pied de pilote " salvateur, sage et prévenant qui nous épargne les travers de la vanité et de l'impudence, d'une quelconque et dérisoire témérité.
Le Solo se doit de ménager la limite, l'humilité, la vigilance, la juste interprétation de circonstances complexes et mouvantes. Les éléments interagissent très vite, décident du moment ultime. S'en extraire confine à la gageure !
Alors et ainsi de ces étranges dispositions, motivations qui décident et forcent le dictamen de la conscience. Un dialogue s'initie entre le moi profond et les faisceaux interpénétrés de la récompense et de la punition. Accés mémoriels et limbiques orientent et canalisent l'énergie vagabonde, s'en inspirent, y recourrent mystérieusement.
Et se laisser prendre par la mer infinie, moi, l'indéfiniment petit et grand à la foi du grand voyage, du plain-chant d'étoiles ...
Et pour oublier : croiser la barre, dévaler le torrent des vagues, approcher les hautes lames, ces rochers et ces écueils, interpréter le chant immémorial des étendues vraies, être du cortège inextinguible des bois morts, des bois flottés
!
- MARIN -
Prose Marine
Aventures Windsurf
1 ère Ecriture et, " comprenne qui pourra et voudra " , - Merci, Joss - ! La poésie ne s'apprend pas, ne se récite pas ! Elle s'éprouve comme elle se vit au présent, passé, les infinis de l'imaginaire, en cette perpétuité insaisissable de l'avenir, la probabilité d'une Île, le voyage d'un regard
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