Photographie Corine GODARD / Corse - Source Corse-Net-Infos
Il y a bientôt vingt ans, je chutai, je tombai de très haut ; on ne s'en relève pas sans de profondes et perdurables séquelles. Et pourtant, combien de fois me serai-je élevé, en mer, dans les vents forts et sur les plus grosses vagues, résolument seul et engagé avec l'étant, les éléments ?
Les tombants qui me prirent et me rendirent à l'évidence d'une machination ne laissèrent qu'un esquif naufragé à la dérive et sans espoir !
Les mots, les rêves, les songes ne connaissent point de frontières, de murs, de barrières. Ils demeurent, quelque part, sommeillent et veillent hors du temps, inaltérables comme un souvenir, une possible revoyance, aussi clairs qu'une aurore Mistral sur les alpilles, une aube solsticiale, une île dans les yeux d'un regard océan !
J'aurai tout tenté, noyé, abîmé jusqu'à la folie mais rien n'y fit. La mer ramène toujours au rivage les signes de la déconvenue, de l'infortune du marin. Perditions !
Elle fut sur les étendues enténébrées, aléatoire paréidolie, antique sirène, Circée, nixe Lorelei, visions, vertiges, eaux de mensonge, perpétuels brisants, écueils...
Partout, toujours, la solitude, le vide, le manque, telle une Centaine de ciels à portée de la main, comme une étreinte azurée, éthérée. J'en aurai fait à tort le lit et le cours de mes errances déraisonnées, de mes délires, de mes fausses certitudes !
Mais un rappel, à la source lénifiante et onirique du petit matin ! A la douce faveur du long sommeil de la nuit sans insomnie... Je la vois et la tiens dans les bras, embrassant ainsi dans le jour revenu l'espoir déchu d'un improbable et beau possible, d'une nouvelle planète.
Dérision de moi ainsi embarqué dans une romance solitaire
Egarement, quête d'absolu, besoin de pureté ou de foi, je laisse à l'appréciation du néant le soin de distancer l' hypothèse de cette union vouée à l'échec, comme un rendez-vous manqué.
Il me faut dire, évacuer, panser les maux de l'empreinte, le tourment de la chute et les comprendre ; nul n'est à l'abri de l'aléas, du possible. Donner au temps tout le poids d'une chanson Ferré.
Te souvient-il, toi, l'autre moi-même, de ces états insoutenables de perdition où le suicide de tout se profilait à l'ombre de son ombre et de la persécution ? En serais-tu revenu comme d'un long cauchemar que la vie, la mort ourdit à l'orée de l'autre rive.
Vague de fond Ombre de mon âme
!
- MARIN -
Délires
1 ère Ecriture le 28 Octobre 2021
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