DISONS MAL DE TERRE ! ...
A ME TARRA / I VOCI DI A GRAVONA _ ALBUM TARRA
IN I TEMPI LANDANI
( Dans les Temps Anciens )
Le néologisme solastalgie est construit sur l'anglais "solace" dérivé du latin solacium qui signifie : " réconfort ". Le mot " algie " se traduit par " douleur " en français. ... La solastalgie renvoie donc à la douleur de perdre son habitat, son refuge, son lieu de réconfort.
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NOUVELLE CATEGORIE
Ouvrir une autre fenêtre sur les Mondes que nous traversons, éprouvons, ressentons, à l'intime de l'émoi, de la compassion, de l'angoisse, d'un certain mal - être qui survient face aux déprédations que subit l'étant et le milieu naturel
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Je vis un champ de Lune où de gros blocs de pierres ovales et ronds, disposés en chaos, fabulent une pluie de météorites, les origines de la Terre qui nous est si chère et si précieuse.
On y décèle ces enceintes de rochers cyclopéens que les premiers hommes ont disposé en fonds de cabanes, en murailles, en placefortes circulaires dotées de sombres diverticules. Fortifications inébranlables qu'ils juchaient au sommet des collines, des pitons rocheux, pour survivre, se défendre, dominer les vallées !
La solastalgie ne serait-elle pas consubstancielle à la vie, hors du temps ! Ne trouve - t - elle donc pas en l'immaturité de l'homme, en un état chronique d'inachèvement, sa raison d'être et de perdurer
?
Les vieux oliviers et le minéral poli se lient, s'épousent pour la vie. L'arbre vénérable, séculaire, puise l'eau et s'abreuve à la source qui sourd de la profonde fissure du granite.
Rien n'aura changé ou bougé, depuis la nuit des temps, au pied du massif primaire jetant çà et là ses dévalements et ses moraines gigantesques, là où les hauts pins prennent racines et défient les vents insulaires.
Les torrents jadis clairs et abondants traversaient l'été, vivifiaient la pénéplaine en regagnant la mer, en y apportant l'arène précieuse qui redessine indéfiniment les cordons littoraux et les dunes. Les bois morts, les galets, les coquillages, les algues composent toujours. Céleste alchimie hélas ! ignorée, balayée d'un revers de pelle mécanique pour y flanquer quelques reposoirs...
Je vis un domaine où les ruisseaux désormais tarissent sous les ronciers. La liane - ronce serpente en étreignant la cime des plus hauts chênes et des aulnes trapus que les tempêtes essaiment, depuis la montagne, l'obstination des siècles. Les champs ne sont plus cultivés.
Les Anciens y ont laissé ces témoignages et ces vestiges pétrés qui réfugiaient, aux entours de petits cours d'eau, jardins potagers et vergers. Un sentier y menait en sinuant dans la suberaie que le maquis dense a depuis si longtemps reconquis.
Il y chantait en choeur, dès l'aube, mille passeraux venus nicher loin du tumulte de la route, de l'infâme carrière et ses poussières, des incessants chantiers qui bouleversent depuis tant de décennies la Terre du Commun.
Au printemps, dès les transparences de l'aurore, des profondeurs de l'épaisse ramure des oliviers montait un plain-chant d'oiseaux inouï, fascinant, merveilleux. Un théâtre qui se rappelait à la Conférence des Oiseaux, - Oeuvre du poète Soufi persan, Farid al-Din Attar -, mais également au Paradis des Oiseaux de l'écrivain, Axel Munthe, que les Îles d'Ischia et de Capri abritaient !
En se couchant dans la forêt, on y voyait loin en contrebas, entre les troncs des arbres sains, le liseré verdoyant des arbustes qui longeait les petits cours d'eau frémissant à la brise de vallée ! La campagne resplendissait, témoignait d'un savoir - être prévenant, empli de gratitude.
De vieux figuiers noueux achèvent de sécher sur pied, l'amandier gréfé étouffe, pris dans les rets serrés des ronciers...
La pierre tumulaire résonne sous mes pas, étrangement creuse. Epargner le sommeil sépulcral des plus lointains ancêtres de l'Île
!
Je vis un terroir, un habitat traditionnels que solastalgie et vieillesse affectent malgré soi. Demeurer, distants des nouvelles exigences d'une existence sur le décours, d'une réalité trépidante, impitoyable !
Refuge, repli, sursis, isolement, réclusion, comment faire la part des choses et des aléas issus d'un contexte terrifiant où l'idée de Nature périclite à nos portes. Le quotidien menace, surinvestit au-delà de ses capacités, de l'âge, de toute volition !
L'incendie profite, procède de la sécheresse, des étés interminables et le champ roussi perdure au-delà de la fête des morts. On y entasse rebuts et déchets aux pieds des tombes abandonnées. La chevrotine claque dans le hameau à la Toussaint. L'âne brait son inutile captivité. Les chevaux traversent l'hiver, les sabots dans l'eau, la robe détrempée, dans le froid et le blizzard. Ils endurent le gel de la plaine. Le chien rivé à son tonneau rouillé survit en gémissant, en attendant de traquer le gibier désensauvagé et vulnérable. La battue hurle, vocifère. L'écho des collines attriste. La laie et ses quatre petits se terrent sous le tréfonds des chaos, à nos portes !
Vers le haut pays des lointaines transhumances, c'est l'hécatombe des migrateurs qui pourtant ne laissent jamais de louer la plus belle des escales sur la route éprouvante des saintes migrations !
L'homme saccage, pille, conduit la prédation, perpétue la souffrance animale, humaine ; une gabegie générale, planétaire aux plus hauts sommets des états, sans loi ni cadre. Absolution des crimes d'écocide issus de la base, initiés par les petites royautés domaniales. La Terre du Commun confine à l' utopie alors qu'elle présidait à la naissance des hameaux et des villages, des maisons, dans la joie et la fête
!
Ô SOLASTALGIE
Qui, de nos jours, te soupçonne et te cerne. Feigneraient - ils d'ignorer les tragédies et les déconvenues qui frappent Terre-Océan
?
- MARIN -
Ô SOLASTALGIE
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