LES CENTS ECHOS DU SOLO ! ...
LIGURIA
Les éléments, la roche, les vents témoignent de l'oeuvre du temps et de la mer. Abyssale symbiose dont l'être bipoliare participe au présent, passé et futur, au diapason des étoiles. Ô vestiges, vertiges à venir, que je demeure à tout jamais, au terme de la route, l'humble révélateur, le voyageur - passeur
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Lors de mes Solos en mer, les acceptions solitude et navigation prennent d'emblée une toute autre dimension, s'évadent, risquent, engagent, révèlent, craignent, se réfugient et se confient. Comme un tournant, un point de non retour à terre, en mer !
C'est d'abord un long trajet qui de l'extrême Sud de l'Île de Corse me conduit vers un finistère à nul autre pareil.
De la roche métamorphique aux camaïeux de la Grande Mer, des ciels que zèbrent de fabuleuses " Seppia " *** aux horizons bleu-turquin de la mer Liguria parsemée de hautes îles en essaims,
chaque Solo s'éploie, gagne le crépuscule, rejoint la nuit que transperce le bon faisceau d'un phare, espère l'aube que le soleil irradie et embrase, sitôt levé du lit de l'immensité que parcourt une multitude de moutons.
Je vous ai déjà parlé de ces blanches envolées allant au gré des vents, des vagues, de la grande passe, de cette circumnavigation autour de l'Île Verte que je risquai et osai un jour de fort Libecciu. Je pourrais encore m'y attader des heures durant, abondant le récit de mille détails et faits, un " Eau-Delà " du réel.
Mais en ce jour de Novembre, à l'orée du crépuscule, qu'il en soit vraiment de ces moments à part, intenses, privilégiés, rares. Ces heures fébriles passées à terre, à bord d'un abri de fortune, véhicule chahuté par la violence et la froidure des vents d'hiver.
Quelques vues en capture d'écran
Que je vous raconte le visage familier
d'un petit village de pêcheurs aux fenêtres closes dont les venelles et les murs de schiste vert repercutent la rumeur des flots, le hululement des violentes bourrasques, les échos de la tempête.
Cette rase campagne où le moindre arbre défoilié semble se plaindre dans la nuit en tremblant ; silhouette fantomatique qu'éclairent les pâles fanaux d'un petit hameau limitrophe.
Les vagues qui viennent briser en bruissant le long d'un croissant de galets. Ondes rapides et densément blanches dans la nuit noire que visitent quelques pâle reflets de lumière sélène !
Les nuages en nuées qui courent et franchissent les montagnes en regagnant le vide, en traversant la voûte céleste constellée, profonde et si lointaine.
Et quand vient le jour révéré, monts et collines, hauts versants du cap tombent dans la mer, participent du vaste moutonnement des infinis, des terres jadis tant prisées, occupées, travaillées, fertilisées.
Chapelles et couvents qu'enchâssent versants et combes boisés, tour à tour, apparaissent et se fondent dans le balancement des chênaies, des oliveraies et du maquis ras du finistère insulaire corse.
Je suis seul en mer. Une âme à terre suit mes évolutions, ces échappées lourdes de sens, insensées, autant de points de rencontres qui des vagues aux pans de littoraux uniques métamorphosent lieux et sites schisteux qui le sont tout autant.
C'est bien ici et là que germent et s'élèvent mes pensées, le mariage des idées et des fresques marines ralliant la souvenance commune et ancestrale. Comme si j'avais déjà été et m'en revenais d'un temps, d'une époque révolus que je retrouve sur l'azur, loin de la côte, en longeant le rivage cerné de lames et de rouleaux...
Etrangeté, énigme, délire, folie ! Engager sa conscience, faire allégeance aux invites à l'appel et à la fascination des grands espaces vierges, authentiques, sauvages... Sublimités insulaires !
Enfin, vers quelque autre édition et horizon probables, je pense à la nuit, je pense depuis la nuit au lendemain ; sommeil maintes fois entrecoupé de visions. Au petit matin, un voile de café chaud habite, anime et réchauffe l'habitacle, clot et libère la longue attente, avant que reprendre l'envol du bout de la Terre, sitôt levé le rideau de fer sur l'inconnu et l'aventure.
Je dois vous confier que ces champs ondoyés aujourd'hui me manquent cruellement et, pourtant, que de risques encourus !
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" SEPPIA "
Nuages caractéristiques des caps extrêmes de l'Île de Corse, coiffant également les massifs, travaillés par les vents très forts. Ils apparaissent au gré des coups de vents, des ciels et des masses d'air parfois plus secs que les effets de Foehn engendrent notamment sous le vent de l'Île de Corse. " Seppia " signifie os de seiche. On évoque également ces Alto-Cumulus parfaitement ouvragés ou en " piles d'assiettes ". Sans ces apparitions féeriques, les finistères ne recouvreraient jamais ce supplément d'âme et d'énigmes qui parfont toute navigation.
- MARIN -
Solo Solos Extrêmes
Vents forts Île de Corse / Caps et Pointes exposées
1 ère Ecriture le 30 Mars 2022, à la veille d'un fort coup de vent de secteur Ouest à Nord-Ouest. A Suivre
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