" La modernisation fut impitoyable pour les prémodernes, mais que dire de la postmodernisation ? La violence impérialiste offrait du moins un avenir, mais la soudaine faiblesse des conquérants est bien pire, car, toujours coupée du passé, elle coupe maintenant du futur. Après avoir subi de plein fouet la réalité moderne, voilà que les peuples pauvres doivent subir l’hyperréalité postmoderne. Rien ne vaut, tout est reflet, tout est simulacre, tout est signe flottant, et cette faiblesse même, d’après eux, nous sauvera peut-être de l’envahissement des techniques, des sciences, des raisons. Fallait-il tout détruire pour en arriver à donner ce coup de pied de l’âne ? Le monde vidé où évoluent les postmodernes est un monde vidé par eux, et par eux seuls, parce qu’ils ont pris les modernes au mot. Le postmodernisme est un symptôme de la contradiction du modernisme, mais il ne saurait en faire le diagnostic puisqu’il partage la même Constitution — les sciences et les techniques sont extra-humaines — mais sans plus en partager ce qui causait sa force et sa grandeur — la prolifération des quasi-objets et la multiplication des intermédiaires entre les humains et les non-humains. "
Bruno LATOUR
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Un autre Penseur d'action nous quitte et nous manque déjà. Un esprit éclairé, visionnaire, en prise avec le terrain, qui allait à l'essencetiel à l'instar d'un Théodore Monod, Haroun Tazieff, Michel Serres et tant d'autres, depuis Jean Rostand ...
L'humanité en est à chaque fois plus orpheline, seule, perdant un à un ses repères, ses phares dans la longue nuit de la déréliction.
Que les dirigeants, dominants, grands affairistes s'y réfèrent avant d'engager leurs politiques économiques et environnementales suicidaires.
Il est grand temps de changer de paradigme et de grille de Civilisation. Il existe hélas un écart considérable entre de tels hommes, penseurs, activistes sains et les politiques, politiciens de tout poils soucieux de strapontins, avides de pouvoir, perclus d'orgueil et de vanité, partisans et partiaux à l'envi.
Combien de mondes auront eu à payer la lourde addition des forfaitures d'un capitalisme dictatorial, implacable, impitoyable. Que les ratés de la transition dite écoogique aillent et se retrouvent disséminés à travers la Planète signe là le perpétuel aveu de dominance impérialiste sur lequel s'arc-boute un système à sens unique, accordant là et ici l'opulence et là-bas, l'extrême pauvreté qu'impacte les désordres et exodes climatiques irréversibles, inexorables
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CORSICA...GO56
Civilisation - Ethique
Le 09 Octobre 2022