LE_CHANT_DE_LA_MER_

 

 

De la fenêtre en demi-lune, la plus haute d'entre toutes, j'aimais balayer du regard cet horizon peuplé. Pas de lignes parfaites. De grandes silhouettes ajourées occupaient l'espace gris et rose d'un ciel tourmenté. Les girafes métalliques portuaires défilaient majestueusement, guidées pars des balises de lumières clignotantes. Sur un fond mobile, formé par les nuages invasifs transformant sans cesse le décor, le ballet se déroulait et j'étais aux premières loges. Illuminé de points verts, rouges, jaunes, le port livrait dans la nuit son lot de carrés, de rectangles, en ombres chinoises.

  J'ai vu une de ses ombres mystérieuses glisser doucement derrière les cubes, un bateau sans doute ! Puis comme à la fin d'une représentation théatrale, le rideau est tombé.  La tempête soudainement a régi le son, l'éclairage, tout s'est assombri, le spectacle était terminé. J 'ai entendu les loups du vent hurler, le galop de chevaux s'accélérer accompagné par Wagner. J'ai perçu les sirènes malgrè leur sourdine, la ville subissait l'assaut de ténèbres enragés.

Je suis allée voir dans la chambre à côté, deux petites têtes blondes dormaient paisiblement. Une grosse baleine bleue veillait. Tout allait bien ici.

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Les premiers pas de cet enfant n'ont été applaudis par personne, il s'en est donc allé cahin-caha, sans garde-fous. On ne lui a jamais raconté d'histoires. Le hasard l'a guidé vers d'autres hasards, il avançait au gré du temps, libre, stoque, utilisant son capital " vie " qui lui dictait sa faim, son sommeil et développait un instinct contre toute attente.

La route l'emmenait toujours plus loin et lui, déroulait son long tapis de bitume, qu'il foulait sans amertume. Il faisait front sans regarder en arrière, d'ailleurs il n'y avait rien à revoir. Il n'a pas appris qu'on pouvait s'aimer. Comme un passage obligé......simplement......Il passait d'un point de suspension  à un autre, poursuivant sa marche en avant, inexorablement.

Personne ne s'est intéressé à lui, personne n'a eu le temps !  L'indifférence, la crainte ? Les gens sont ainsi : ils laissent aller et se donnent bonne conscience.

L'enfant a un jour rencontré un arbre qui lui a ouvert ses branches, il s'est pendu....L'arbre a pleuré.

 

ROBERT_DOISNEAU__

 Cliché

 Robert DOISNEAU 

 

- JOSIANE - 

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Le 29 Janvier 2023