Un choix, un ensemble de photos prises lors de la tempête " DIANA " illustrent ce texte ! " Emmila ", prises de vue élevées et à distance - Zoom Optique x 80 - Nikon
EN DEUX PARTIES
1 - DIGRESSION HABITUELLE ET
PRE-AMBULATOIRE
2 - LA TEMPÊTE " DIANA "
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- 1 -
Quelques semaines avant le premier des con - finements, une tempête corse hivernale balayait la côte occidentale de l'Île. On en parla guère ; on ne la nomma point, trop localisée, éloignée qu'elle fût du vieux monde : soit un épiphénomène dérisoire, ce qui s'entend aisément au regard de l'actualité mondiale post - covid - 19 et dont les derniers évènements menacent de plus en plus les grands équilibres, partout à travers les mondes en sursis...
Je réparai alors cet oubli et donnai un petit nom à cette tempête, personnellement, " Diana " , telle l'étoile et ses clartés d'aube. Car je montai à son bord et voyageai quelques heures durant, en profitant de l' air sain et vivifiant de ses lénifiantes écumes et lumières. Je ne savais pas encore combien ces vents m'étaient précieux, que la Planète se trouvait à l'orée d'une pandémie meurtière : le rhume du Pangolin et ce qu'en firent les décideurs zélés, pour le pire !
Miasmes d'une réalité outrageusement transformée, modifiée, contaminée. Les opérations financières et boursières faisant foi et loi qui en découlèrent, continuent de nos jours à dégager des profits colossaux tout en instituant le nouvel impôt, la nouvelle OPA sur l'existence, arguant à l'envi d'un report péremptoire de l'espérance de vie, en dépit du droit à la différence fondamentale qui caractérise chaque être et son histoire.
Voilà pour la partie, - Digression habituelle -, qu'il m'importe d'abonder, toutes les fois que la mer me prend et me ramène à l'essentiel : le respect du vivant, la liberté, la quête d'amour ici-bas sur Terre. Nous revenons quelques 80 ans en arrière. Les affres, les atrocités qu'officialisent et légalisent les guerres inondent les petits écrans. L'esclavage des temps modernes se poursuit, grandit, se répand. Les peuples élisent toujours leur tyran. La rue crie, le pouvoir, les roitelets exultent à l'instar des tiroirs - caisses qui ne laissent plus de tintinnabuler
!
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- 2 -
" DIANA "
L'oscillation de la mer pourvoyeuse d'ondes !
Météo - France n'annonça pas cet épisode de vent très fort et le coup de vent qui lui fut associé ; les modèles se cantonnèrent au grand - frais - BMS - côtes, établi au secteur Ouest. Le Grand Sud, le Tournant, le Détroit en décidèrent autrement. Et c'est ainsi que j'optai pour un foc de route, contre un tourmentin, trop confiant que je fus à l'égard de Maître " Arôme ", le modèle numérique de référence ... " Diana " la blanche se leva soudainement ; une heure lui suffit à passer de la force 8 à 10 beaufort.
IMMERSION
Je m'élançai depuis une anse sablonneuse bien abritée et constatai aussitôt que le vent soufflait violemment à une encâblure environ de la mise à l'eau. J'eus d'emblée des difficultés à me rétablir sur ma planche courbe, après chaque chute ; chose rare ! Je naviguais durant plus de deux heures entre accores granitiques mordorés et les étendues bleutées d'une mer particulièrement tempétueuse, irisée. Dans la baie, les rafales dépassèrent allègrement le seuil des 50 noeuds. Je dus reprendre en cours de navigation tous les réglages de mon petit gréement. L' esquif qui m'emportait semblait survolait un reg maritime ; l'erg eût été bien plus doux, vallonné et confortable. La palnche courbe tossait durement.
Un nuage blanc flottait, persistait en surface à l'instar du froid fusant en nappes fugitives sur de grandes étendues glacées. Tombants et brisants se voilaient par intermittence d'un ample et dense panache d'écume soufflé par le vent et le battoir des lames. Février, les rudesses de ses vents blancs qu'un signe unique et si haut dans le ciel eût annoncées ( fugace parhélie ) ...
Aux pieds des abrupts, la Grande Bleue travaillait, ouvrageait, parait un trait de cote particulièrement exposé. Curieusement, la houle manquait à l'appel. Je fus donc livré à la mer du vent et à tous ses aspects, soudaine et si brutale. Vers les sites habituels pourtant exposés aux vagues, tout ne fut que plans d'eau hachés, clapot croisé, crêtes écumantes et resserrées. Je m'en éloignai résolument...
Dès lors, je décidai de côtoyer et d'explorer la côte au vent et ses accores. Les fortes ondes que le Ponant poussait, grandissaient à l'approche des rochers par effet de réflexion et d'aspiration simultanées des vagues générées par le vent. C'est ainsi que je découvrai sans me lasser cette exception littorale particulière qui engageait réellement le marin.
Je considérai longuement les mouvements tiraillés des masses d'eau qui évitaient l'entour de hautes tours granitiques dissuasives. Lentement, peu à peu, je pris la mesure et le tempo de cette partition marine inhabituelle.
En pointant vers le large, j'espérais et attendais le tremplin qui m'eût élevé dans les airs, tout en gravissant les étages des pitons rocheux qui me faisaient face et qui me donnaient une échelle ; épreuve, proportion, comme une limite que l'on se donne et se fixe, seul, avec humilité, bien au-delà de tout regard et du paraître ! Il me fallut gérer cette totale autonomie, en milieu " périlleux ", quoiqu'il advienne, ne pas me blesser, éviter être bléssé ...
En revenant vers la côte, je ralentissais en choquant, espérant ainsi prendre le pouls de l'une de ces ondes massives que renvoyait l'abrupt, que creusait le retrait de la marée de tempête, au bas d'un temple minéral qui se dévoilait, toujours plus creux, si profond !
Vertiges, féeries que les flots virides et bleus de la Grande Mer divinement expressionniste, impressionniste.
Et j'allais, m'en retournais sans relâche, empruntais les corridors liquides et pentus, gravissais ces rampes, les derniers mètres d'une course folle, vers l'envol, avant que de rencontrer, de percuter en pleins ciels les figements ocreux d'une terre insulaire magnanime et généreuse. Car combien de fois me sentis-je faible, vulnérable, maladroitement intrépide ou téméraire, dépassé ?
Je revins ébloui de ce voyage au coeur de l'azur. Je vécus les intenses moments d'une partition à découvrir ! Puissent les mots témoigner avec modestie de tous ces possibles qui nous invitent à poursuivre sur la voie de la révélation et du partage incessant.
Je considérai une dernière fois, sur le sable et la dune, les inepties de l'arbitraire et de l'injonction foulant aux pieds la liberté, la fraternité, arborant avec une emphase ostentatoire et insolente le fait de coercition aggravé qui punit le monde en le confinant à l'envi, en usant de l'autorité cupide et stupide à la fois ! Deux semaines plus tard, la Voix de la mer devint inaudible. Les oiseaux revinrent et chantèrent à nouveau, comme la probabilité d'un espoir, de l'éternel retour ...
Que je revienne fidèlement sur les mots, les phrases de ce récit. Puissè-je en clarifier toujours le sens, la voix silencieuse de la mer en beauté, impitoyable et bonne à la foi d'aimer qui anime et qui soigne. Ecrire et tenter de panser les maux de ces mondes qui nous échappent, que les tyrans nous ravissent en les dévastant, en les détruisant, en les bafouant au nom de la cupidité et de la durée, ces dominantes qui leur sont si mal imparties
Un bruit assourdissant ! Entre échos sourds et hululement aigu du vent ...
" Diana "
- MARIN -
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" SOLOS EXTRÊMES "
Le 08 Février 2023