LE CHANT DES GOELANDS !...
Lentement, dans le bleu du ciel matutinal qu'une lumière tiède inonde, les passereaux émergent des gelées, volètent en parcourant le maquis. Ils se retrouvent, vivent l'essence-ciel.
Je marche seul, le long du chemin littoral sinueux. Au loin, la mer rejoint l'éther en s'élevant. Et le ciel redescend vers la mer pour s'y confondre et me parler de tous les horizons, du destin, de mille autres destinées... Profondeur de champ sans nuages ! Un silence azur règne, emplit la grande baie, invite à la rêverie, avant que ne reviennent coups de temps et rudes tempêtes.
Le printemps sommeille encore, intensément ; je le sais pressé. Les va et vient incessants des oiseaux en cours de nidification sont de bon augure. Je pressens comme une épiphanie du vrai à ne pas manquer, surtout cette année.
En ces heures de clarté hivernale et de quiétude, monte le chant de joie et de promesse des goélands. Un petit archipel y abrite plusieurs essaims. Trilles, appels incessants, longues onomatopées, demandes d'épousailles, ils se nombrent et se distinguent de façons ostentatoires. Jeux de rangs et de rôles pour
un partage incontesté des nombreux îlots du site ; les goélands en imposent, planent au ras des flots, dominent les terres, décochent un battement d'ailes. Comme un rituel, une ode à l'harmonie, à la protection des lieux. Leur temps de vivre oscille entre subsistance et vol libre ; envoûtante maîtrise.
Marcher ainsi et longuement. Côtoyer ces tombants qui me sont familiers, en l'instant : tellement apaisés. Discerner sans fin les tonalités et les notes du chant des goélands m'inspire et me transporte ; je me sens du voyage, en partance, déjà en mer. Une inspiration que je dédie au cœur de l'hiver, au diapason des richesses insoupçonnées de la marche, sans pour autant vaincre la distance, les jours et les semaines nécessaires pour y parvenir. Quelques milles nautiques parcourus en solo, à la voile, dans les vents violents, loin de la côte, au royaume des oiseaux, suffisent et me comblent !
Il est, en tout domaine intouché de pleine nature, comme un petit monde, un petit bout du monde qu'il importe de déceler, de révéler et de conter. L'âme ne saurait s'encombrer de limite, de cette ancre rouillée qui la retient au port, où qu'il soit...
Je garde dans ma mémoire le chant immémorial des goélands. Antan, qui accompagnait les barques de pêche s'en allant et revenant vers le petit croissant de dune et son abri enroché, bercées qu'elles furent au diapason du soleil levant, de la lune montante, dans le couchant.
Ce chant trouveraient sans nul doute plus bel écho à celui des pierres blanches et de la craie des falaises, si d'aventure le bâtis en était légitimement et généreusement recouvert, paré, enfin et à toujours intégré au merveilleux domaine maritime du Grand Sud.
Et c'est ainsi que les Goélands me dirent, chantèrent à tue-tête :
_ " Marin à terre ! passe, transmets le message. Nous savons qu'il sera entendu, que les humains de bonne volonté prendront enfin soin, recouvreront la pleine conscience de notre écrin, un peu plus près du ciel "
!
- MARIN -
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" MARIN A TERRE "
Le 13 Février 2023