Le choix de cette photo n'est pas anodin : Verlaine et Rimbaud, deux géants de la poésie ! Les Poètes maudits, leurs Illuminations, cette transpoésie numineuse emplie de merveilleux, de rêve, d'un mal être si profondément éprouvé et rendu... Mais avant tout une époque si riche où la poésie décolle pour ne plus jamais suspendre son vol, au-delà des mots, l'image et le chant, le vers libre, qui avec Apollinaire, trouvera sa consécration ! Nous aurions décidé d'étoffer cette Catégorie afin de rencontrer sur notre route ces auteurs, ces êtres de génie qui auront eu pour Muse, pour source d'inspiration la Mer, le Large, l' Eternité, l'Ivresse des grandes étendues et du sentiment vrai. Tellement de textes en prose, de poètes jalonnent notre mémoire collective ... Et puis, chacune, chacun d'entre nous percevra et recevra ces vers, ces extraits du plus profond de son âme pour voyager, migrer, partir on ne sait où, on ne sait quand, déjà sur l'autre rive.
A tous les Internautes, nous vous souhaitons bonne lecture, bonne traversée
!


Toile / Jean LURCAT
Le Rouge et le Bleu
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Au-delà de l’horizon le rouge est plus rouge, l’œil estplus vif, l’or est ce que l’on croyait quand on le cherchait,le passage entre la plage et les vagues se fait en toutedouceur, les fleurs s’épanouissent au fond de la mer et lesalgues remuent doucement sur les toits de tuile commeune chevelure de lierre.
Au-delà de l’horizon il n’y a ni formalités ni tampons,ni discours électoraux ni fabrication d’armements, leshélicoptères ne font pas de bruit, les enfants...
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Ouvrage / Gilles THIBAUD - Illustration / Nathalie HUYBRECHTS
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LE PÊCHEUR DE LUNE
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Reconnais-tu cet homme? Il est pêcheur de lune.Il navigue la nuit sur un bateau de bois.Le vent gonfle sa voile au gré de la fortuneEt le pousse au pays des rêves aux abois.Comme un vieux loup de mer, son visage se hâleAux embruns de cette eau qui baigne la Grande OurseEt l'on entend parfois une vague qui râleDe devoir, sur sa peau, finir sa longue course.Une barbe blanchie par le sel de l'espaceCouvre les...
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Faites-moi sous le sable des mers,
un cloître tiède
pour garder les rêves
aux après-midis de pluie et de jasmins
qui peuplent mes cheveux et mon front.
Et à côté vous poserez
l’huile qui nourrira la lampe ;
sur un feutre subtil
pour ramasser poussière et mystères
un blanc morceau de nuage abattu
et un habit empesé
avec son long bâton de voyageur.
Dans un jour de rafale et de lueur
je rentrerai de mon vol itinérant
et je trouverai réunies,
dans mon aimable réduit solitaire,
les...
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Je regarde la mer, comme un appel, un cri hors du temps, hallucinant, embrasant la totalité de l’horizon.
Elle est agitée ce soir, écumeuse, bleu noir, gris mauve, jusqu’à cascade d’émeraude, déchirée par la passion qui s'écrase désespérée sur le sable noyé d'écume. Impossible de le pénétrer, même la ville devient incertaine, à peine visible, quelques lueurs de voiliers attachés au port. Une île, je crois, en plein cœur des Cyclades, où même les dieux semblent avoir été oubliés.
Je songe à cette autre éternité, à...
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Au clos de notre amour, l’été se continue :...Des pétales pavoisent,— Perles, émeraudes, turquoises —L’uniforme sommeil des gazons verts ;Nos étangs bleus luisent, couvertsDu baiser blanc des nénuphars de neige ;Aux quinconces, nos groseilliers font des cortèges ;Un insecte de prisme irrite un cœur de fleur ;De merveilleux sous-bois se jaspent de lueurs ;Et, comme des bulles légères, mille abeillesSur des grappes d’argent, vibrent, au long des treilles.L’air est si beau qu’il paraît chatoyant ;Sous...
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NE PAS TE NOMMER
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O
Ne pas te nommer
Toi qui es
De toute arithmétique
L’unique dissidence
Tu danses
Dans l’enfilade bleue
De ma mémoire
Émargeant de tes vœux
L’échelle de la joie
À la fenêtre offerte
La digue se balance
Et le môle en riant
Éperonne la mer
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Vois
Comme tout s’achemine
Au large de l’hiver
Sous l’arceau sémillant
De la prime espérance
L’amour est insensé
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O
Ne pas te nommer
Toi qui es
De toute certitude
La seule arborescence
L’infini retrouvé
Le...
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Profitant de l’inattention du cielPour invoquer l’inconnuNues et désentravées comme une aubeSe lèvent mes penséesJ’aime à n’être pas immortelCela donne accès à l’humanitéL’être a besoin d’immensitéDe s’y fondreJamais seul avec les étoiles sans nombreSur les sommets enneigés du monde De mon âme solitaire recouvrant les déserts La terre est mon trône, le palais de ma vie, la demeure de mon cœurCette terre chaude qui hante mes mains et mes lèvresQui s’effrite entre mes doigtsDernier...
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Écrire, dis-tu,face à la mer,
et s’il y a du ventà la place des mots,
une main tenduepour toute syntaxe,
une quête, un murmureà la place du style,
c’est que tu donnes rendez-vousà l’inconnu du large
qui bat son rythme profond,ses lames de fond
à l’intérieurde toi.
BERNARD PERROY

Deux poèmes signés Max JACOB, ici, recueillis, réfugiés ! Une initiative qui me tient à coeur après avoir regardé le film bouleversant de sa fin de vie, sous l'occupation, la collaboration ... Interprétations remarquables que celles de - Jean - Claude BRIALY - et de la petite fille de sa vie - Dominique BLANC - qui le retrouve à l'orée du partir. Une dernière poignée de main bouleversante. Cette ode à la Liberté est fascinante
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Je ne...
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Rebraillé le décor nocturne s'agiteElle se cache derrière son miroir à mainMontre une joue en tristesse confiteCe coin de masque au ripolin.
Par la barbacane des feuillesOn la voit s'encorbeillerDe manches brodées en corneillesD'une traîne qui va t éveiller
Buissons, prenez garde à vos outresNuit prenez garde à vos cornuesIl tombe quand la dame se poudreDu superfin hors de son nu
Rendez-vous manqué sur la terreC'est le ciel lilas qu'elle préfèreEt le sous-boisLe ciel, les nuages.
!
Max JACOB
Poésies...
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