Ô - RAISON - FUNEBRE !...
A ces Voix intemporelles qui franchissent les vallées insulaires ! A ces choeurs qui bordent un silence mémoriel, ce chant voyageant hors du temps ...
L'existence ne saurait se résumer à six panneaux de granite claquemurrant à tout jamais un pan de vie et d'éternité !
A CES MOTS VENUS DU NEANT
Le jour des Morts revient, ne rajoute qu'une année au décompte cosmique ! Adossées à flanc de montagne, disposées en terrasses, les tombes du vieux cimetière fixent le linéament immuable des crêtes courant au Ponant, voyageant de la mer vers le septentrion, de l'autre côté d'une profonde vallée, de la Pieve *** d'Attallà, lointainement dénommée
!
*** Les Maures l'auraient ainsi consacrée : " Don de Dieu ", ( At Allah ), certainement pour les beautés, les trésors naturels et l'abondance que cette île recèle en chacune de ses vallées encaissées.
Un bourg de la Roca, Santa Lucia di Tallà et ses hameaux : Ulmiccia, Poggiu di Tallà, de leur appellation actuelle, puiseraient les cinq lettres de ce nom vernaculaire qui daterait d'une époque redoutée, ponctuée d'invasions barbaresques mortifères, récurrentes, menées depuis le fond des baies et des golfes de l'Île et de la mer de Corse, à l'ouest comme à l'Est
...
Je me suis souvent posé, promené, hasardé, risqué un peu plus près de la mort, lors de nombreuses échappées en pleine nature.
Je ne la crains pas, je la redoute encore moins, elle ne m'effraie guère ; je l'attends et lui dis : " Patiente, j'arrive ", car je ne fais qu'arriver, enchâssé que je demeure entre deux cairns uniques ponctuant l'errance du phylum, de l'immémoriale lignée
!
Il fait si beau temps en ce 2 novembre 2024. Un calme souverain règne alentour. Les oiseaux volètent, chantent, pépient, se répondent de promesses d'amour. Deux vieux cyprès immobiles s'élèvent dans l'azur, semblent pointer quelques vertiges communs, interrogent, interpellent, pensent plus loin que le jour des morts et des saints. Radieux automne alors que le chaos climatique meurtrit les cotes Est de l'Ibérie
!
Je me suis assis au bord des sépultures. L'éphémère repose. A nos proches pèlerins qui furent de passage sur cette Terre. Je devise en silence. Les sens me guident, avant de les ignorer, de m'en défaire, de m'en libérer.
Deux d'entre elles béent encore au vide, se heurtent aux abysses d'un champ d'étoiles en attendant inexorablement le prochain migrateur. Au seuil du néant, à l'orée d'un pan de silence éternel à toujours claquemurré, que je m'envole comme cendres au vent de terre, vers le Grand Bleu, que j'échappe au triste sort de la chape tumulaire
!
Comme s'il me fallait déjà entrevoir la libération, le dénouement d'une lourde entrave, l'affranchissement longtemps enduré du décours, la migration inéluctable qui s'en suit emportant enfin tout ce qui aura été si longuement engrangé, mûri, attendu, espéré, pressenti. Autant d'horizons que la dualité invalidante ne saurait atteindre sans larguer, sans trancher de solides amarres.
Pourquoi et en vain tout laisser et abandonner ici-bas, au nom - être, à la l'un - temporalité discutable ? Que chaque instant procède et participe de l'éternel, hors du temps, ignore le cadre et la geôle de l'oubli.
Que serait justement la vie, l'existence si elle ne conférait guère à cette quête d'éternité fondamentale, vitale, allant bien au-delà de la raison raisonnante et étriquée, de la logique confinée, du dogme qui aveugle, de l'allégeance et de l'attachement acharnés à la matière comme au moi périssable, le moi haïssable des Pensées
!
Ô combien de visages, d'ombres entées, de vocations auront auréolé ta personne, Atropos, toi qui coupes le fil de la vie ? De Thanatos, des Erynies aux Furies, des Moires aux Parques romaines, à la grande Faucheuse, tes représentations hantent l'inconscient collectif
!
Mais de toi à moi, alors que tu nous figes ici - bas,
en conscience, tourné vers l'au - Eau - delà que je suis, en quête de Point de Rencontre, en Christ, je vois que tu t'empares de l'enveloppe charnelle.
Que mon âme te quitte, Clotho, je les amarres largue et te salue, bien bas
C'est Cris que j'emporte, sans lui, j'appareille au-delà du paraître
!
MARIN
Catégorie du Site
" ENIGME " - " EAU-DELA "
Le 04 Novembre 2024
!