DALI - LA MER - SURREALISME
Il est si riche de traverser l'Imaginaire des Peintres et en chemin s'arrêter un moment pour s'imprégner d'hypothèses fécondes, ces possibles qui président à leurs créations ; en cela, Salvador DALI, nous comble de rêveries, de symboles, des pans d'une réalité profondément sublimée, puisée au confins du moi, de tout ce qui n'est pas encore crée ou fondé, pensé... L'au-delà de la Conscience, tellement fertile, si vite abandonné ou relégué !...
Une sorte de vision pérenne, en avance sur le temps et les époques, sur l'Esprit même des choses, consacrant l'univers abyssal de l'état d'âme... Et l'on se trouverait devant un tableau comme catapulté, élevé très haut dans les sphères d'un idéal, une sorte de crypte céleste où l'homme vivrait une seconde Nature, une autre culture, la dernière trans-location déclamant les fondations d'une autre civilisation !... Tous les arcanes de l'utopie suggérée, tangible, quasi réalisable !
Oser, franchir le pas de la raison non pour rivaliser d'audace mais d'imaginaire ; provoquer en quelque sorte quelques liaisons cérébrales que nos sociétés trop immobiles et bloquées figent désespérément en " l'humain, trop humain ". Faire apparaître, susciter l'enigme de la toile, le détail, la touche qui heurte, blesse, interpelle, émerveille loin des canons et des archaismes, des lieux communs de l'art pictural que l'on déclinerait à l'infini et qui desserviraient en définitive le monde de la peinture. Dali évoluait au bord de la folie sans être fou, ainsi une paraphrase de l'Artiste ...!
Une toile qui serait musique et poésie tout comme la musique et la poésie brossent ou esquissent en nos silences un tableau ; là l'évocation d'une plénitude, une scène aux thématiques de l'histoire heureuse ou une fresque tragique. C'est peut-être ici la force et la puissance du surrréalisme ; l'esprit y découvre les fééries de l'éveil, jusqu'à la fin, les frontières insoupçonées des mots, des images, des mariages, de la pensée et de ses associations à ne pas bloquer.
Et aux seuils vénérés de l'alchimiste de la lumière, des couleurs, des formes et des volumes éclot sous nos yeux un Univers tout autre comme si en un instant les choses du monde nous parlaient autrement, intimement, avec plus de chaleur, de pathétique, de poésie ou d'émotion, de généralité au coeur même de l'insignifiant. Ainsi des deux prunelles qui projettent sur la rétine la voûte du cosmos !
Surréalisme mais aussi sensibilité à fleur de peau, symphonie des nuances, des étendues, des perspectives élevant le chant du peintre au-delà du passé, vers l'avenir, près du tuteur de l'âme... Surréalisme pour l'Art, là où peut-être l'être social se détache un moment des enclaves, des entraves qui le brideraient pour se jeter corps et âme vers l'être individuel projetant ses désirs d'humanités autres, d'incessants rapports avec les Mondes en gestation.
Les sphères de l'artiste sont sans frontières et n'auraient plus d'âge. Il englobe déjà le quotidien, l'existence, intériorise l'éternel et le porte sous nos yeux tels une promesse, un voeux, un regret, le triste regard sur l'évènement et toutes les disproportions que la nature dans son ensemble génère, avec ses carences, ces lacunes, son immaturité, la barbarie à laquelle s'accotent mille beautés et autres splendeurs ineffables.
Enfin, révèler un fait par son contraire, ainsi le brandir haut et fort aux yeux plissés de l'indifférence, n'est-ce pas aussi la force de l'Art, opposant au mal la libération bénéfique de toute création ? Parjurer la violence, la chair et le sang et en faire le reflet, le miroir, la psychée de l'humanité qui les combatteraient dans l'intime de soi avec plus grande conviction et efficacité ?
Alors, Peintre futuriste ? Je ne tiens pas à poser une étiquette sur un Artiste, quelqu'il fût ; mais avancer qu'il bouscule la raison, glaner au jardin de l'imaginaire quelques fruits dont on aurait souhaité et attendu toutes les saveurs du mariage : oui, cela me convient, j'y aspire
!
MARIN - 1 ère Ecriture, au large d'une éternité - le 19.01.2013
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