A L' ENCRE BLEUE ! ...
Il n'est qu'un journal qui recueille, qui réfugie comme il se doit de l'être, les pensées que la mer et les vagues dévoilent. Le vol, lentement, transcrit dans la durée, pour toujours. A l'intime de l'échappée et du solo, je ne vois aucune autre finalité que la fusion spontanée avec l'élément vital, quoiqu'il advienne. C'est là une éducation au partir sain, un ensemble de préparatifs qu'il me faut soigner, jusqu'au bout de la route. On dit : " Conscience Océanique "
!
Que ne louerais-je jamais assez la Mer. J'encense l'Océan et le Grand Bleu. Qu'ils me soient ici-bas, ciels, cieux, allégories, vires sacrées !
Je m'y perds souvent, voguant entre les pôles de la vie et du néant ; un hors espace - temps euclidien ! Probable renaissance ...
Bleu et camaïeux infinis de la mer fascinent. Témoigner de la beauté, du charme confinerait à la subjectivité, au " moi - je ". La mer, cependant, irradie et fulgure, enténèbre et obombre. Ses vagues vont et reviennent comme un éternel printemps ! Mais rien ne saurait me faire oublier les dangers omniprésents que l'immersion, la navigation, le survol, entretiennent à chaque instant d'une existence que je leur voue comme elle s'enfuit, par-delà soi.
Soudaine dualité que la tragédie et le bonheur incessamment définissent et imposent, telle une incontournable fatalité !
Sylvain TESSON, évoque en Blanc l'univers de la haute montagne de manières magistrales, si profondément ; une approche quasi mystique de l'élément dont la monochromie vierge est gage de vérité, de pureté ; épiphanie !
La mer paraphe l'existant à l'encre bleue. Ainsi du domaine de l'intouché, du silence, à la fois vaporeux et densément palpable, diaphane, évanescent, livré aux vents des cimes et des vastités azurées. Le vol s'y invite. Suis - je digne de m'élever ?
Mais au-delà de la Terre, sur un ciel à part entière, que reste - t - il de tangible, de ce qui fut, que le fluide accorde à quelque probable et éphémère empreinte de passage, au sillage qui se referme, qui cicatrise sans laisser de marque ?
La Terre se prête aux gués des souvenirs. Un repère, un sommet, un col, le moutonnement familier des monts, des collines, un chemin que le temps dessine et destine lentement et sûrement, un refuge providentiel, une merveilleuse estive passée sous les étoiles.
En mer, tout disparaît, se fond et se confond. Et pourtant, les moutons innombrables accourent, blanchissent les champs de l'azur solitaire. Le calme revenu, l'étale pesante dissolvent dans le silence absolu la certitude d'être, tout pouvoir sur les choses. Les questions qui dérangent ne trouvent guère d'écho.
Y être, certes ! Parcourir à bord des vents les étendues tempétueuses, chevaucher les vagues, s'envoler et risquer, exposer l'intégrité lors d'acrobaties déraisonnées, tout cela peut s'entendre. Mais également et tragiquement : provoquer le sort quand d'autres migrent nombreux, condamnés à mourir noyés, sur des rafiots - épaves, pour un brin ténu de liberté ! Ainsi le vaste sépulcre de la Grande Bleue et les rivages de l'opulence, malgré Elle, s'interpénètrent !
La mer, l'océan, les vagues, le vent : comme un jeu que l'outil, la technologie autorisent et livrent sans frein ; l'évolution y pourvoit ! Se situer, se placer, briller, risquer, se dépasser, les raisons ne laissent plus de fleurir, de s'éloigner en définitive d'une certaine forme de philosophie de l'être aux mondes qu'abondaient les anciens navigateurs solitaires et circumnavigateurs, tous les artisans se nourrissant des rivages, de la Mer et de l'Océan, humblement, en silence...
Allers et retours inextinguibles que ces rapports aux mondes duels et tout à la fois emprunts de respect, d'amour, d'humilité, de crainte, de poésie, de sombres récits... !
Demain sera très vite à l'hiver, au temps qui passe, aux meurtrières qui se referment sur la liberté, la folie, l'imaginaire et les rêves. Je vois comme un océan plus vaste encore s'ouvrir ailleurs ; infiniment petit ou grand : qu'importe ! Le sursis désormais en décèle le sens, la voie, la mystique d'un " humanisme " naissant, sans frontière ni âge, au-delà du dogme et de la raison raisonnante dévastant tout en proclamant le règne de l'éphémère, sous couvert de l'Intemporel fait temporel...
De cet océan là qui sommeille, que je fais mien. Point d'emprise mais un abîme sans fond, une idée intarissable de l'univers, de l'éternel
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OMEGA
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- MARIN -
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Le 19 Août 2023
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