SUR LA FAIM !...
" J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre ,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer. "
Charles BAUDELAIRE
Participer de la solitude absolue des lieux qui eussent révélé et animé l'orée des grands espaces. On y joue quelques partitions aventureuses, à la recherche de son île lointaine. S'enivrer à ces pas de deux, de folles danses et de jig avec les vagues bâtisseuses de rivages, de mirages, de solennelles vérités !
Se sentir, nûment, l'âme vagabonde, en esprit, libre, un tantinet ou humblement poète d'un jour, si tant est qu'il lui eût été possible de voir Eau-Delà de l'horizon.
Voici, passager des azurs et des amers, quelques bribes d'un journal de bord glanées à bord de l'automne, auprès de ces oiseaux marins qui m'auront donné une chaleureuse accolade et qui louent toutes les fois comme un choeur, ce plain-chant d'adieu à l'été.
J'allais, emporté, droit dans le soleil des Îles retrouvées, recouvrant leurs havres de plénitudes comme je divaguais, d'îlets en îlots, d'éceuils en brisants, par les hauts - fonds des saines clartés, loin du cliché et de l'artifice clinquants !
Rendre visite à la mort probable, jamais plus solitaire en l'instant d'un temps dont il m'aura été loisible d'ébaucher, de souligner les contours spatiaux, célestes, et-mouvants.
Rencontrer les possibles d'une mort hypothétique tout en errant au diapason de la vie du Cormoran, de ce corps-mourant, déjà éternel et vrai, en son unicité voyageuse et éthérée.
Naître et n'être plus que ces vains mots où caracole enfin l'esprit ouvert de la recouvrance, en toute immanence !
Loin de l'habitude que les vents de libertés distancent, sois ! en-toi, ce que les éléments attendent de Vous. Un pan, une fresque,une voile en beauté, authentiques, vainquant la torpeur et la précipitation concurrentielles des foules pressées, compressées, diamétralement asservies aux rouages aveugles ...
Que je sauve en âme et conscience et sans la raison, ici, ce que l'on nomme de façon austère : Dictamen
!
Il est vrai que le paraître draine le poison et le fiel de vils penchants, allants contre - nature, déshabitués des plus simples choses, canalisés et, rassérénant le désordre établi des caciques et des poncifs patentés !
Que l'on m'excuse cette digression, de laquelle je peine tant à me délivrer, tant les échos de la rumeur et du médire cinglent à travers les arcanes des silences convenus, furtifs.
Un journal de bord ne s'écrit pas à terre mais en mer. Il habite et vit, bouillonne, intensément. Rien ne se refuse à la pensée, à la conscience qui va et vogue en remontant le lit des vents, le cours du temps. L'imprévu et la découverte n'offrent-ils pas l'occasion d'ouvrager la voie parallèle de ces moments que l'on recompose à l'aune de " l'être de fuite " solitaire que l'on devient en pareilles circonstances... ? Que me vaudrait l' échappée serties de présences fugaces et de routines obstinant le réel, de fards éphémères ou envieux ?
***
Que j'aille seul, démuni, dépouillé... J'entrevois l'antre probable de la mort, cette issue sans port ni remord qui sied inexorablement au rebelle, à la découvrance sans confrontation aucune, lorsqu'il se situe hors échelle, sans le jugement de valeur perfide !
Que j'écrive ainsi comme je navigue affranchi, là où l'extrême beauté, dans la spontanéité de la révélation, poudroie l'instant de mille éternités ...Un chanteur poète clamait si haut et si fort : " Eternisula " ! Un rêve mélodieux et abyssal qui me ramène à l'insignifiance de ma condition comme à la foi d'aimer en chemin, sur la voie, le dessein de l'oiseau marin, l'allégorie à la migrantion des âmes perpétuelles sur le retour, gages irréfragables ou tangibles de vies recommencées.
On prétend que l'Univers issu du Big-Bang se serait expansé de manière diamétralement opposée, créant ainsi deux futurs, deux passés, deux possibles gémellés vers lesquels nous tendrions et aurions quelque double hypothétique !
Nous rejoindrions - nous un jour, avec force explorations, regardant encore et toujours à travers ces vitraux de ciels et tant de cheminements ? Quoi de plus chers à nos choeurs d'âmes que cette quête de l'autre temporalité, de Dieu, en Christ, en soi, oscillant entre l'absurde et l'existant-ciel, pèlerin vacillant de l'être au temps vacillant, quand l'espace, un instant - à jamais, cantonne et circonscrit la destinée ici - bas , sur Terre, de passage ?
Telle une traversée des Océans, une histoire sans fin, une ode au futur de tous les passés que la fulgurnce convoque sur le parvis des mémoires océanes
!
- MARIN -
JOURNAL de BORD
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