INSTANTS...
"...Qui donc me sauvera d'exister?
Je gis ma vie..."
Fernando Pessoa
Je me promène au bord de la mer d'argent. Ce dimanche m’a vêtu de gris ; il pleut quelques gouttes de tristesse sur un monde d'instants...
Le soleil voilé sue sur le monde comme un métal froid ; est-ce ma nuit que je fonde ou le jour ; qui, de la lune ou du soleil m'emportera ?
Des lames sombres et lourdes battent et rebattent la dune d'algues, un désert que les vagues déroulent sous les pas alentis de l'errance.
L'eau rencontre la terre ; ensemble, elles osent quelques esquisses, des lavis, leurs pastels maussades. Le ciel se reflète sur les flots d'encre à confier un chagrin...
Elles mêlent leurs présents d'écume, d'algues et de sable et, scandent avec le vent le rite immuable des travailleurs, des bateleurs de la mer.
Poussières de galets roulés ou posidonies déchues,
Qu'importe, la mer égrene dans le lointain l'alliance sans limite, le glas de vagues passées... Le temps est aux nuages, aux astres ; il s'égare improbable dans un enchevêtrement de possibles fugaces, essentiels, à l'agonie comme
un florilège d'âmes en sursis qui retombent sur la grève et rampent ;
incessants souvenirs inertes que le ressac ressasse.
A chaque regard que j'appose amoureusement sur l'autel du large
L'horizon trace le silence, révèle un mirage, raconte un songe. L'espace et le temps ne sont plus qu'un coeur sans vie...
L'oubli consomme l’adieu, l'instant se brise à l'étrave du regret
Et je demeure aux vents,
Passager du temps un voyageur
Qui se terre avec l’automne obscur
Au Solstice d’hiver
Aux quatre saisons futures
Qui reviennent et s'ignorent
Suis-je à ce point enchaîné
A la fuite des jours
Qui passent et trépassent
Que les années amassent
En l'ultime instant
Riche du Tout du Néant
Apothéose que toute fin dépasse
2 ème Ecriture le 15.04.2012