L ' HIVER ARRIVE....
A perte de vue, à travers les voiles déployées de la tempête, les coteaux et les versants des collines imitaient les ondes ; ils moutonnaient dans un sidéral figement de pleine mer, polis et blanchis par le sel ; le vent et la pluie les érodaient tel un puissant sablier. L'incendie avait dénudé la terre laissant les tombants fabuler leurs brisants et un titanesque bestiaire
...
Ce jour était à l'hiver rude qui m'emportait en 3.7 m2 et 60 Litres sous les pieds. Le vent toisait la barre des 100 Km/h sur le rivage avec de fortes rafales à plus de 60 Noeuds. Qu'importe le chiffre quand tout n'est que brume et songes ! C'était tempête ! Je ne pu tenir qu'une trentaine de minutes emmené dans un tourbillon de lumineuses pensées. En face de Fenu, je naviguais médusé par les vitraux ondoyés de la mer comme si nous fussions pris - lui et moi - au sein d'une immense galerie aux reflets de cristal. Des creux énormes semblaient prolonger près des côtes les sillons et les vallons des collines qui se remplissaient du tumulte des eaux...
... Et ce qu'il reste de l'été suffoquant et caniculaire lentement se dissout dans les airs ; touffeurs contenues de la mer chaude et torpide qui n'en finissent plus de pourrir le ciel d'humidité, d'instabilité, de lourdeurs étouffantes, barrant le flux des vents toujours inconsistants et trompeurs. Ce temps-là, faut-il l'espérer, ne sera bientôt plus que lointains souvenirs ; nous allons bientôt traverser une autre dimension.
L'Automne, d'abord, ses vents fous de Sud-Ouest mêlés de Tramontane puissante et brève, premiers frimas surprenants ou ne durant pas, blanchissant çà et là les cimes de nos massifs et les rivages d'une mer gonflée de houles... Tramuntana ou Grecale déchaîneront la Tyrrhéniènne, entre azur et volutes charbonneuses des ciels, au Septentrion, vers l'Urienti !...
Et puis accourront les premiers chars de l'Hiver aux vents lourds et bleus qui pèsent dans les voiles, au bout des bras, levant et dressant les mers croisées du Large comme elles apparaissent sur ces Photos d'un jour égaré de Noël ; il y en eu tant !... Mais de celui-ci, je n'oublierai rien.
Solos, hélas ! malgré moi ... je chevauchais les lames de Vintilegna en gagant le large ; Stagnolu puis, en direction de Fenu, a Santa Trinita ... et, encore une fois, je devais rebrousser chemin ; trace insignifiante, perdue et chahutée en ce chaos que dictaient les éléments démentiels.
Les vagues au sommet des ondes colossales déferlaient sur plusieurs mètres de hauteur, en pleine mer, vers les Bouches de Bunifazziu et sur fonds ombreux de côtes assaillies, submergées d'écume et d'embruns. Les grains dessinaient sur les étendues bouleversées leurs silhouettes fantomales et fuyantes. Pas un oiseau qui n'osa voler ou planer immobile au-dessus de la grève, qui se prit à risquer un brin de traversée entre deux rives.
La seule litanie du vent, les rafales comme des plaintes qui s'élevaient de partout et de nulle part portaient la voix de la mer magnifiée, euphonique par-dessus les mondes sourds à leurs appels. La mer jouait, déclinait à l'infini les harmoniques azurés et neigeux d'un 24 décembre, tout simplement,déjà inscrit dans le calendrier lunaire, sur l'ellipse de la terre autour du soleil ; la Grande bleue saluait le Solstice comme le Raz de Sein blanchit aux marées d'Equinoxes redoutées. La mer jetait un voile de blancheur sur la tristesse et l'abandon, la misère et la faim afin de ne jamais y accoter le lucre et le faste à la prière des justes
1 ère Ecriture le 30.09.2012
2 ème Ecriture le 04.06.2013
Lecture aux Petits Enfants