AVANT LE MOT ...
Chant Gaélique et Polyphonies
55 Noeuds en vents moyens au bord, rafales / 65 ! au Large : ??? E Bocche di Bunifazziu - l'Hiver
Que serait la Pensée sans l'agir, les sens, ces relations aux mondes par lesquelles l'être survole l'étant, se l'approprie sans verser dans les extravagances de l'interprêtation et des représentations ? Pari osé lorsque les aires corticales de la mémoire et des affects, des voies réflexes perturbent ou ré-orientent l'information aux dépens bien souvent du Néo-Cortex !...
Serions-nous arbitrairement assujettis à quelques déterminismes insurmontables que les morales, les dogmes, l'ordre combattent en boucles depuis les siècles, des siècles ?
Alors, sur les vires étroites de la création, de l'imaginaire, de la pensée que l'existence nous concède, pourquoi ne pas marier plus encore le faire et le dire, le dire et le faire afin qu'un jour l'univers éthéré des mots triomphe et s'enracine dans l'action, en son essence vécue, épurée, mûrie, dépouillée, pleinement nommée ?
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Ce petit Film pour cueillir les mots un à un à l'étrave du voilier, ces mots qui pèsent le flot du monde et du coup de vent messager de l'ailleurs... Et quand, Matelot, dans la tempête, tu n'es plus que hauban, safran, aile dans le vent des rochers, des brisants... un infime esquif vélivole t'enseigne alors le mot : mourir à la Mer ; vivre n'est alors plus rien !
Aucune autre embarcation ne se risquerait là, si près des brisants, fouettée au visage par des rafales dépassant les 130 Km/h, plus de 35 m à la seconde ... Lorsque la bourrasque à la bouche qui s'ouvre lui retourne le mot comme gifle et soufflet !
1 Cick = très grande Image - ambiance gros temps, chaos en luttes - Solo, Hélas !
Que ne dirais-tu d'autre et de si fort au fil du vers
S'il n'en était que du reflet orphelin et de l'image sans vie
Fugace éphémère en son évanescence de circonstance
D'entre toutes les diaphanétités lorsque l'ipséité prostrée exulte
Par trop parfaite en l'exercice rhétorique et de style
Ainsi s'affrontent doctement l'en-soi le souffle et l'essense
En-deçà reclus et divorçant des fondements de l'action
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Inexorablement de cet élan confondu d'originalité
D'entre le dire aisé et le faire au coeur inextricable
De l'être qui s'aime et se dédie plus secrètement
N'est-il pas un océan un gouffre qui naufrage
Tour à tour le vaisseau et son guide sans jamais
les unir durablement en leur intime solennétité
Mais que le verbe empli d'âme vogue loin et tinte
Lorsqu'il naît du silence et sourd sans rimes ni paroles
D'abord des tréfonds de l'émoi ouvrant l'engagement
Où un instant l'absolu touche à l'indicible qui nous dépasse
Que ne deviens-tu pas dès lors poète Solitaire
Hauturier des latitudes blanches hiémales si souvent fatales
T'en revenant des contrées lustrales et de l'oubli dévalés
Tu traces dans la nuit en ce choeur absout des glaces
De merveilleuses odes à la mer et à la terre De retour
De ces pensers inondés d'ivresse et de rude sérénité
Il émane de Toi comme une aura une absence emplie de vastités
Le chaos des ciels empyrées que tu traverses
Au firmament d'une seule de tes dérives un plain-chant
Que seules la voix et la polyphonie des vents entonneraient
On y sent battre l'onde sereine palpiter les pléiades un point
Qui ne brille et n'éteincelle qu'en chaque goutte d'eau
Ainsi de l'immensurable regard du marin au seuil de l'éternel
Du toit du monde que le dernier aspirant bâtit d'une main sûre
Ainsi de parcourir l'infini en son moutonnement sidérant
Au commun accord des sources des solitudes en multitudes
S'élevant comme un cantique à la lueur d'un phare dans l'obscur
Il eût à toujours comblé dans les plus humbles dénuements
Sans fards l'espérance et les aventures de tous les pèlerins
Humilité plaine du silence errant ne battez pas encore le rappel
Lorsque décline sitôt perpétuel le champ de l'horizon
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Emulsion : eau, iode, sels à l'empenne des vents arborant les pavois des tempêtes, creusant le granit des brisants !... La mer se retire pour mourir à la côte dans les plus belles et déchirantes apothéoses ! Là, chercher à l'acmé tragique des lames cette relance d'où jaillit le verbe ; ainsi des mots à suivre, générés au long poème du silence, sans fards, dans la longue nuit de l'amer !...
MARIN - Errances et Choeurs de Tempêtes -
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