RENCONTRE / RÉCIT DE MER ...
Goélette Sir Baden Powell battant pavillon Neerlandais, lancé en 1956 / Long 42 m _ Maître-Bau 6.50 m _ 250 Tonnes de Déplacement _ 600 M2 de voilure - Chantier Edgar André - Autour de l'Île
Abandonne, veux-tu, sur une page, ce court récit ... ! Tu le dois, qui verse déjà dans la souvenance quelques repères dont tu fus le témoin sur la mer, seul, loin, absent de tout, si proche du Ciel. Un jour, tes petits enfants te liront, du moins pas avant que tu n'aies revu et corrigé le style qui convient à l'immensité, à l'éternel... Qu'importe la distance qui te sépare de la côte, du rivage quand la mer, l'océan naissent en ne faisant qu'un pas de deux, de danse vers l'azur dense des étoiles, plus proche du Message Retrouvé. Vous eûtes, ensemble et pour toujours, doublé les péchés du monde
!
N'évoque point de retour vers le passé
au risque de confiner le témoignage au fait divers à l'oubli
L'époque eut jadis tant irradié la poésie
Il lui sembla voyager ailleurs hors du temps
commuant une apparition à l'horizon envoilée
Une rencontre émouvante qu'il grava
dans sa mémoire pour toujours
comme un rêve dont le dénouement ne suffirait plus
à l'en déprendre
Le marin décida de poursuivre sa route
au près serré vers le large au Levant
Il croisa la trajectoire d'un magnifique coursier des mers
Et plus il s'éloignait des côtes plus la silhouette
de la goélette s'élançait grandissait sur l'azur des ciels
La ligne de l'horizon devint si parfaite qu'elle dessina
la longue coque du voilier une splendide étrave à guibre le majestueux beaupré
Les voiles d'avant focs clinfocs et trinquettes restèrent ferlées tout en révélant
une imposante et altière voilure gréé de huniers
L'Artimon le mât de misaine affichaient une quête arrière imposante
La goélette filait au portant ses 10 noeuds regagnait majestueusement
l'entrée du Détroit et des Bouches de Bonifaio dans les bleuités
insulaires les clartés vernales d'un après-midi radieux
Elle voguait grand largue sans rouler
en tanguant imperceptiblement au gré des ondes
de la Grande Mer aux pieds des côtes arides et mordorées
que les hautes vagues et les vents puissants de l'hiver ont coutume de submerger
Ce tableau le ramena hélas et sitôt aux bateaux de migrants
abandonnés et perdus au coeur des étendues marines
qui espèrent et qui attendent que l'on vînt les secourir pour ne pas mourir
Ainsi désormais et pour toujours naviguer habité et hanté
par de tragiques possibles que les aventures de la mer
ignorent tant le sort et la mort s'acharnent sans autres issues
que l'abîme la disparition et la négation de la vie refoulée
Il fut de cette rencontre valant hasard occasion fortuite
un long moment évolua autour de cette unité unique et si belle
qui honore encore la marine à voile d'antan Ainsi de l'accompagner au vent
sous le vent à ses côtés de l'admirer et de la contempler
exalter tout ce qui amena son concepteur
à en esquisser les lignes l'épure remarquable
et sensuelle Essence des noces qui eussent complu au cours de l'eau
infiniment ondée infiniment vaste et tant exigeante à la fois
La goélette dansait sous ses yeux émerveillés Ils allaient ensemble à l'unisson
d'un chant profond celui des marins et des gabiers de l'homme de barre
et de la vigie là-haut D'aucuns auront à l'aube si souvent crié
" Terre "
Aurait-elle été mue par quelques desseins pacifiques qui n'eurent
jamais démérité à la foi, aux desseins de la Grande Mer solennelle
De la proue à la poupe la vitesse du bateau dessinait
une seule et même courbe une vague oblongue et lisse L'étrave écumait
tandis que l'étambot abandonnait à ce récit le mince sillage des coques et des plans racés
qui traduisit sitôt les grandes lignes qui vous sont ici et présentement rapportées
Le petit marin sur sa plancje décida de lui ouvrir la route dans le premier quart avant
le temps de couvrir une généreuse encâblure Les puffins cendrés virevoltaient
entre deux entités deux probables Leurs songes se rejoignirent
au fil de l'eau d'un souhait d'un voeu On le regarda du bord voler
et marcher sur l'eau comme s'il en eût été d'un miracle
Ils échangèrent alors un salut fraternel celui des gens de mer
qu'une bonne étoile semble guider dès lors que les sabords
ne règnent plus à bord en meutrissant l'histoire et n'arborent plus les éperons
de la conquête et de la dominance qui fomentent guerres et massacres
Ils traversaient le silence de la mer dans un ciel moutonné
Ils animaient pacifiques je veux dire Elle et lui la goélette et l'esquif vélivole
un pan d'infini dont le temps n'aurait plus jamais eu prise
Ainsi de la voie de la découverte de l'écriture transcendant le fait palpable
Tu réagis sitôt et si près aux charmes d'une beauté esquissée
Jamais autant d'harmonie ne flua avec pareil rayonnement
Les flots ultramarins participèrent de cet envoûtement de l'émoi
qui vers les larmes te convoyèrent de longues minutes
à travers les mêmes ciels Combien aurais-tu aimé embarquer
et fuir l'entre-deux-îles courir d'autres destinations sans autres repères
que les étoiles le lever et le coucher de l'astre de vie l'Albatros hurleur
les blancheurs albâtres des hautes latitudes irisées d'encre
Tu auras écrit ces mots ces pensées à vau l'eau en planant
la tête dans les haubans comme rivéé à ceux des nuages dans le Ponant et le couchant
Ivresses marines pour le regard qui s'éprend et convole
sans fin au-delà des nourritures terrestres autour des mondes
Depuis le cosmos à portée de la main dirais-je oserai-je justement pour Toi
et déjà que le Ciel un jour se mit à ressusciter le génie de la foi
!
- MARIN -
Récits de Mer
2 ème Ecriture en Prose le 14 Juillet 2020
Coudoyant la sous-barbe et la flèche du beaupré, marin, voguer signifia rêver, louer, chanter
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