JACK LONDON ! ...
LES MUTINES DE L'ELSENEUR
Descriptions sublimes, l'auteur de la Mer et des Océans sait maîtrise le sujet. Une litterature, un genre, un style que l'on ne peut ignorer ; le temps de la marine à voile toujours évoqué, incontournable, avec des chefs d'oeuvres tels que le Loup des Mer, les Mutinés de l'Elseneur dont voici quelques extraits à ne pas manquer ! Si lointain déjà, et, pourtant, tant actuel. On change de sources d'énergies, certes ! le rapport aux éléments diffèrent. Mais la Mer, l'Océan ne changent pas, du moins en profondeur. Selon les désirs, les caprices des hommes imbus de dominance, férus de conquête, peut-être. Et pour qui s'attèle à une certaine vision, interprétation, compréhension des choses du ciel des marins, que la poésie, la prose, le dépaysement total s'invitent sous les auspices de l'aventure, de l'imprévu, de l'incertain, de l'inconnu. Il émane de ces récits une ambiance particulière, une appréhension des éléments et du contexte relatés avec force réalisme. Un tout qui nous semble familier, que l'on retrouve incessamment au fil des pages et des récits, fûssent - ils romanesques, pures fictions. Il est vrai qu'en ce temps là tout restait à découvrir, à dire, à sublimer ; le talent rare d'écrivains tels que Jack London y contribua. Perpétuelles révélations, proches des mondes encore vrais, sources de vies que l'on pensait inextinguibles, intarissables
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CSC ... GO56
" ... Ainsi interpellé, Mr Pike tourna la tête, et, levant les yeux, gratifia la féerie céleste d'un regard solennel.
" Très étonnant, en effet, grogna - t - il. D'autant qu'on peut voir là-dedans tout ce qu'on veut.
" Ce que vous appelez les Farallones me produit l'effet d'une escadre de bateaux de guerre se dirigeant droit vers le Porte d'Or, à une vitesse de vingt noeuds. "
Il y avait du vrai dans l'observation du second. Le spectacle auquel nous assistions se modifiait de minutes en minutes et bientôt un gigantesque cuirassé parut s'avancer seul sur les flots.
Ce fut ensuite une orgie de couleurs ardentes, dont la note dominante était le vert, dans toute la variété de ses nuances : le vert tendre du printemps et le vert bleuâtre de l'été ; le vert teinté d'or et de cuivre rouge, et le vert bruni de l'automne.
Le spectacle n'était pas moins merveilleux du côté de l'Orient, où San Francisco avait disparu ; le ciel, semblable à une conque gigantesque, était aussi châtoyant et doux qu'il rutilait vers le couchant.
C'étaient des roses tendres ou saumon, et des bleus pâles légèrement teintés d'émeraude. Pareille à du satin, une brume transparente voilait harmonieusement le firmament où la lune nacrée, qui se levait, était semblable à une perle humide.
" Du côté du Nord, ce n'est pas mal non plus ! gromela M. Pike d'un air sarcastique. Et, puisque ça vous intéresse, profitez - en, le spectacle est gratuit . "
Le secteur Nord, en effet avait lui aussi sa beauté. Avec des tons plus froids, il était couvert d'une sorte de plumetis léger, aux nervures carminées, et d'un grand amas de toisons moutonneuses qui s'étendait jusqu'à l'infini.
Enfin, dans le secteur Sud, un quatrième tableau où dominaient des nuages gris, bas sur la mer et brodés de jaune - orange, complétait le décor surhumain qui nous enveloppait.
Brusquement, toutes ces couleurs s'éteignirent ou plus exactement se fondirent dans un moelleux crépuscule où la lune versait, sur la mer violâtre, des larmes de vif-argent.
Et ce fut, enfin, l'obscurité à la fois profonde et brillante de la nuit étoilée et silencieuse.
Miss West et moi, nous nous écartâmes l'un de l'autre, saturés tous deux de beauté. "
Extrait
Pages 164 / 165
Editions Rombaldi - 1973
L'oeuvre de Jack London a été interptété au Cinéma
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