Ô - MINERAL ! ...
DE MON EXOPLANETE
AUX CHEMINS D'EAU ET DE PIERRE
Le bateau glisse sans heurt ni vague sur la Grande Mer légèrement ridée. Nous élongeons le rivage en divaguant lentement entre les rochers. Au Nord, dans l'azur matinal et profond des cimes, un stylite de pierre contemple depuis la nuit des temps ses tombants, sa descendance minérale ocreuse et poudroyée. Aux pieds du cap dénudé, un chaos lithique infiniment poli et ouvragé nous dévoile ses secrets, ses chimères, les richesses d'une fresque mutique et tout autant habitée.
Visages torturés, gueules béantes, masques, gargouilles, silhouettes anthropomorphes, éléments d'un bestiaire minimaliste et réaliste digne des arts premiers : les desseins irréfragables de la Nature inondée de bleu nous livrent leurs témoignages immémoriaux
!
Une foule d'êtres fanatasmagoriques émmergent du chaos granitique
Le bateau s'immobilise. La curiosité frémit au silence minéral qui sitôt s'impose. La quiétude des lieux meut une foule de créatures que l'imaginaire décèle et précise, qui se nombrent à la semblance des sujets d'un vaste kaléidoscope.
Insister, scruter, distinguer autant d'entours suggestifs. Je me serai ici hasardé, solitaire, les jours de coups vents et de mers houleuses, sous des ciels virides, cernés de camaïeux abyssaux. J'aurai redouté les flots, vu les lames briser en contemplant l'oeuvre incessante des Travailleurs de la Mer.
Il me semblait emprunter autant de chemins de clarté, de vérité et de fidélité que l'on prête aux dieux antiques de l'Etant et du Temps !
Et pourtant, j'allais et m'aventurais si proche des terres nues et tellement exposées aux affres d'une modernité parjure et destructrice. Je sais le chaos littoral vulnérable, déjà vaincu par la pelle et la chenille, les explosifs de la spéculation. Il s'y logera un jour l'imposant édifice transfuge et l'artifice paysager que l'argent et le lucre guident et contraignent sur l'autel de la mer. Balcons que l'on achète au prix de la négation et de la trahison, de l'accaparement et de l'appropriation.
Ocreuse, safranée, creusée, percée, évidée, polie et arrondie, la roche grenue et lointainement ignée paraphe inimités de la solennité des Îles et des eaux minérales translucides. Moire émeraude, reflet chatoyant, vitrail et émaux ondoyés, que ne planerais-je et volerais - je jamais assez dans la nef des ciels confondus à portée de la main.
Aux sains propos et pensées que la Nature et les grands espaces inspirent en soufflant le verre des métamorphoses dont je suis, en versant les larmes de Carthage que je cueille toujours là - bas, enfant, en rêves ...
Je laisse au détour évanescent d'un sablon, à l'intime d'une anse, d'une crique que le genévrier condamné obombre, le souvenir d'une étreinte, l'écho des illusions perdues, autant de vertiges partagés.
Au genévrier vénérable que le temps dessèche et tue au fil mordant des multiples canicules. A ce grand arbre vénérable, emblématique des rivages erratiques de Kallistê ! Les marée de tempêtes affouillent le trait de côte tandis que les rares pluies brutales et diluviennes exondent le complexes racinaires vitaux. L'arbre à baies se meurent, assoiffé, déterré. Ses nids d'oiseaux chutent. Ils sont ainsi des milliers à dépérir. Combien leur ombre fraîche berçant le sablon manquera aux charmes de la randonnée nautique
!
Contrées aux allures d'exoplanètes, merveilleuses leçons de géologie
- MARIN -
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" A LA RECHERCHE DU TEMPS " " NATURE / PROPOS ACTUELS "
Le 08 Octobre 2023
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