QUATRE AIRES DE JEUX ! ...

20 janvier 2024

QUATRE AIRES DE JEUX ! ...

Ô surprises ! La Tramuntana esquisse sous nos yeux, à portée de spatule, un étonnant et long Line Up typé NNE à N

La mer plie de toutes parts. Une mer froissée, anarchiquement et brutalement plissée ; les violentes bourrasques, les révolins des falaises réinventent, enrichissent le décor. La Tramuntana donne toute sa mesure, rayonne et compose avec l'astre de vie en emplissant le golfe majeur du Grand Sud de l'Île de Corse. Euphonie marine que le littoral ocreux et pétré, amplifie.

Un ciel de nuages moutonnés lui donne l'accolade, l'imite. Au fil des heures, la Tramuntana en vient à bout en le chassant de l'autre côté de l'Île, vers les eaux calmes et abritées, au Ponant. Puissè-je ne rien manquer de ces fresques, de ces cirques originels ! Ecrire à l'encre blanche, tout en voguant, quelques brins d'aventure que mes sillages calligraphient spontanément sur l'azur.

La mer fume, pétille ; élixir de jeunesse, philtres immémoriaux ! Quel autre remède espérer, fussions - nous à terme, à toujours, humbles marins à terre

Retour dans les traverses de ce passé déjà si lointain. Les fortes ondes fusent et déplient les pans d'une mer hâchée, tendent entre elles, çà et là, une sublime et soyeuse étoffe d'écume. Je prends lentement le tempo de leurs courtes périodes et me lance, à corps perdu. Les élements ne fatiguent jamais ! Incessants allers - retours. Rien ne subsite pourtant de ces échappées. Entre les rousseurs, les clartés crayeuses des abrupts et des tombants que les rouleaux albâtres soulignent sans fin, allons, divaguons, enivrons - nous !

Je ne sais si les années affichées au compteur influent sur la perception et le ressenti qui sont les miens quant à évaluer et à éprouver au plus juste la force et l'intensité, la magnitude des vents à bord desquels j'embarque encore, malgré des réticences nourries et de plus en plos fréquentes ?

Un long regard à l'ouvert du golfe : une marée blanche accourt : innombrables moutons. Les vastités vaporeuses unifient l'horizon à l'instar de l'immense troupeau fou chamboulant, soulevant les poussières et les limons d'une plaine alluvionnaire ennuagée

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Ma plus petite voile révèle sa superbe ; un " tourmentin " jaugeant 3.2 m2, gréé sur un petit mât adéquat de 3.40 m de haut. Telle est l'option que je retiens lors de cette sortie en mer. En guise de planche courbe, j'opte pour un esquif redoutable doté de trois ailerons. L'accroche dans les virages et les trajectoires, hallucinent.

Je sais pouvoir compter sur des angulations et des prises de carres exceptionnelles. Dans le vent violent, supérieur à 50 noeuds, le matériel ne saurait faillir et ainsi exposer le pilote ! Je reprends par trois fois mes réglages, notamment à l'amure et place le wishbone ( espar à tenir ) plus haut que de coutume. Il en résulte un grément efficace et maintes fois testé dans les vents violents, qui se tient, étale, se place où l'on veut, sans jamais surprendre. Sibylline triangulation qui se joue de tous les angles aigus. La fluidité du déséquilibre est à ce prix, ne déméritons plus

Mathieu et Kevin - Capu Rossu - 3.7 M2 !

Je relève sur zones et dans le goulet du golfe des rafales à près de 55 noeuds pour un vent moyen à la force 8 - 9 Beaufort !

Quelques envolées audacieuses et sans prétention, petite dérive aérienne dont la dernière me vaut une sévère chute. Légèreté de l'être ? La rafale appuie et forçe le pont de la planche en la contraignant à piquer brutalement du nez ; heureuse réchappe, un hématome sur l'avant bras. Il fait froid, le ressenti est vif. Je l'avais oublié, les temps changent comme ils nous habituent à une obstinante douceur

Kevin prend le pouls de la Tramuntana. Imposante longueur d'onde !

Vers les hautes falaises que l'Alcudina saupoudré de cristaux domine, la Tramuntana souffle de belles vagues qui déferlent et se couchent. Je ne m'y rends pas ; la distance et de longs bords de navigation au près serré, dissuadent.

Arnaud et Tom - 3.7 et 3.3 m2

Sous le vent, les champs ondés creusent, offrent tant d'occasions de glisse. L'abattée engage, expose ! Au détour et à l'abri d'une pointe rocheuse, les vagues obliquent, rejoignent et serrent le rivage. Le vent se fait alors traversier. Une faveur du trait de côte aux passagers du vent. Tom et Arnaud cueillent de jolies sections. Dans sa partie la plus encaissée, le golfe révèle en fait quatre aires de jeu remarquables. Reliefs et éléments en varient l'ordonnancement, décident de l'équitable distribution des séries de vagues variées, surprenantes et belles

TOM & ARNAUD décalent et rejoignent le point de ralliement

Une session rude, plus chahutée que chaloupée ! Découvrir et recomposer le réel avec tout ce qui accorde à ce jour quintessence, exception, harmonie, beauté. Ne me manque - t - il point sitôt rendu à terre, alors que les profondes bleuités de l'après - midi riment avec la baisse sensible des températures ? Questions à la santé, à l'indice de forme hypothétique, au maître à bord du mental, au tout qui commande, au-delà de soi. Y tendre, tout au moins, repousser dès lors les échéances qui fâchent, en dépit des froidures et des extrêmes hivernaux, lorsque l'on mesure à quel point il serait également agréable de rester bien au chaud, au creux du lit, près du feu de bois sec, un beau livre dans les mains ! ...

Qui, quoi, quelle motivation forcent ainsi le dictamen de la conscience, bousculent l'esprit de la raison

? Je dirai l'âme, peut - être, ce bel " Eau-Delà " du vivant, ici - bas, avant le dernier envol migrateur