VIDEO // OBSESSION VAGUES ... AVEC TEXTES
" ... Les montagnes sont des têtes étranges qui sont émergées du sol et dont les rivières sont les pleurs.
S'abreuvent les cerfs à la tristesse des montagnes.
Les saumons remontent le courant qui afflue de la source et qui se perd sans arrêt.
Le perdu quant à cette perte inlassable des sources se nomme la mer. Je définis la mer comme l'assemblée du perdu.
Les hommes contemplent sur la berge la perte ruisselante.
Les vautours les survolent. Les vautours survolent montagnes, sources, cerfs, hommes, mers en tournoyant comme les astres en silence.
... Enfin je suis revenu au silence comme les saumons viennent mourir dans leur aube.
Chapitres XXXVIII & XXXIX
- La Vie Secrète - Pascal QUIGNARD ( Folio )
Je ne sais pas comment accélérer la course des nuages, agrandir les yeux du ciel, déformer les visages et les angles du matos, photografier et filmer la civilisation, me déprendre du naturel - ne m'en tenez pas rigueur ! J'essaie tout simplement de voir les choses comme la mer regarde la terre, comment la terre découvre les vagues et, tout cela dans le plus vaste des dénuements : l'azur en partage, fils de l'Eau-delà, je vais tel chaque goutte d'eau qui oeuvre aux vérités de l'Océan !...!
Obsession Vagues ! Vagues obsessions ... Que m'importe l'horizon ! Délires ancestraux, envoûtements séculaires et légendaires que les Néréides de Cap
Marianon hèlent sans fin. A ces joutes de blocs erratiques et de lames liquides qui fascinent les âges sous le regard impavide des stylites mor-dorés ...
La tempête règne. Les vents violents dominent les Bouches et le grand détroit. Les lames déferlantes, la barre des brisants que les vagues scélérates submergent et
dépassent, le feston des houles lointaines effleurant les rivages d'une île au coeur de l'hiver, sont autant d'actes qui campent un fabuleux terrain d'aventures extrêmes !
La tristesse isole. La candeur s'en revient, s'annonce au vol des anges poudroyés, plane comme un printemps qui va, solennellement tardé... Maintes échappées auront déjà passées, hélas ! solitaires.
Les violentes rafales se rappellent à la mémoire des siècles comme le marin au sillage que les crêtes happent. La sanction de l'imprévu est de mise ... Je me livre à ces tranchées liquides d'une cristalline beauté.
Je parcours inlassablement, jamais assouvi, des flots bleu-de-ciels ! Splendeurs de la mer où les éléments délivrés conjuguent de concert leurs multiples appâts. Charme troublant que la volute de cristal, le galbe obsédant et conquérant des vagues félines.
Quant au fracas, au tonnerre de ces avalanches d'écume roulant aux pieds des montagnes, que de blancheur, au coeur de l'azur, envahit midi de nuit, d'aurore et de vespérale
clarté, fussions - nous au zénith du soleil.
Obsession, fascination qui êtes de l'univers mystérieux de la glisse ailée. Par le règne de la
fluxion et de la mouvance régénérant le cours du temps, que j'aille entre la pente et l'ascension dévalées, la chute et l'envol. Toujours plus léger, un instant, infime ciron, perché sur les vires
étroites du temps et des Pensées.
Que chaque vague scande le cours de leurs profonds sillons. Il
est ici un plurivers à vivre, rude et si froid, à l'aune du Solo et de l'aventure !
Mais ô combien loin de l'outrage et de la trahison, de l' opprobre, des vanités et des vitrines marchandes, ostentatoires à l'envi ! A la nature des choses simples qui se cache pour éclore, tel le chant que l' enfant entonne pour conjurer la crainte, l'inconnu, s'affirmer devant l'imprévu...
Accepter l'emprise de la mer, braver, risquer, oser les éléments : là n'est pas la question. Vaines gageures, velléités téméraires, éphémères allants !
Le sablier vient de basculer, s'accorde à la sibylline partition, à l'euphonie, aux harmoniques d'une
profonde dépression qui se comble.
Qui sait, guérir, renaître, éviter tout accroc, honorer les ravissantes fleurs de la mer. Côtoyer
l'insaisissable chimère, l'improbable sirène. Entrevoir les clauses d'un imprévisible verdict, l'impossible fusion. Que de pas de deux étranges fabulent le dernier baiser sur le fil mélodieux des fluides azurs ...
A l'orée de l'évocation, d'un choeur unique, au bord de l'ivresse,
funambule ou danseur, participer de ces fresques oniriques ! Faire quelque chose qui ne faillisse jamais aux attentes des grands espaces, en embrasser la totalité d'un seul geste !
L'air et l'eau épurés de l'arc-en-ciel, les faisceaux de lumières que les déferlantes abandonnent avant de s'unir à la terre me sont obsessions !
Obsessions vagues que l'appel des vents et les féeries de l'embrun initient au champ spumescent et lactescent du puissant Ponant.
La solitude des îles et des lointains écueils coudoie le silence de la mer que les oiseaux dominent, loin des mondes artificiels.
Tel un pacte, un serment qui engendre au-delà des sens la révérence à la vie ! Avant le mot, le penser, les manières policées, les viles menées qui blessent l'harmonie de nos vires fécondes.
A lire, dans le regard océanique des vagues, cette thébaïde propice à l'oubli, dans la souvenance furtive de la source.
Ne plus penser,
partager et fêter un instant l'alacrité qui sied au songe symphonique et diaphane. Faire un pas, sans heurt, vers quelques vérités où l'être se devine et s'accomplit en paix, lorsque le chant de l'onde décline avec le soleil.
Que je sois ainsi et me rende aux écumes de la nuit perpétuelle qui m'attend depuis toujours, " Eau-Delà "
!
MARIN
- 1 ère Ecriture le 28 Février 1856 -
2 ème Ecriture le 20 Juin 2021
Après une correction difficile, plus que vitale, un tissus d'inepties, un résidus de folies... Rattraper un texte voué à la " cancrerie "
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