MON BEL OISEAU !...
Comme dans un rêve, tu m'apparus, silhouette légère posée sur le ciel étoilé des marins, si près et si lointain à la fois. Seul le silence sut nous rapprocher, le silence convenu de toute la mer en beauté, après la tempête.
... Je le regarde en restant figé sur le sable. Il contemple, encore si jeune, l'univers qui s'ouvre au vol déjà précis de ses ailes. La marée est très basse pour les lieux, la brise est fraîche ; elle découvre, qui coiffe la roche, un manteau de verdure marine. L'oiseau explore les rochers, y trouve sa nourriture, ose mais sans douter, puis il s'arrête, face à la mer. Ses petites pattes, frêles et pourtant assurées lui donnent un peu de hauteur. Sa démarche est élégante, comme tous les limicoles. Il penche la tête au gré des bruits, du clapotis de l'eau, des gouttes que son ramage tavelé ne saurait garder. Adorable petite créature. Comme une présence venue meubler un pan de solitude, sans crainte ni cautèle...
Dis-moi, qu'elles sont tes pensées ? Sont-elles à la merci du lendemain, d'un ailleurs, à la hauteur des vastes étendues qui t'attendent, à l'orée de la grande envolée du peuple migrateur que tu rejoindras ?
Tu me fascines, je t'observe et je t'emporte avec moi, dans cette petite boîte à pandorre. Je sais que tu plairas, que tu attendriras quelques âmes sensibles venues ici déambuler au fil de l'eau, de ces heures vernales, parmi la dense floraison que des hommes sages laisseront éclore, au diapason de nos saisons, loin de la déraison...
Je ne connais pas ton nom ; te nommer, me gène. Il ne m'appartient pas de le faire où aller quelque part quêter la certitude de te connaître, dans les livres ; je t'aurai humblement croisé. Nous nous sommes un long moment acceptés, tolérés, regardés, peut-être aimés.
Dieu que la terre des hommes m'apparait loin, insignifiante ! aux côtés de la vérité de l'oiseau, de l'azur, de la brise parfumée de fleurs et d'encens marins, il me semble côtoyer une voie blanche, ceinte d'azur.
MARIN - Pensées -