OU SONT-ILS ?
Rouge-Gorge ou Pettirussu en Langue Corse
Que je pleure encore et encore ce rêve et ces songes Rouge-Gorge emplies de poésie, de musique et de bonté ! Merveilleuse allégorie dont je suis, à demeure du manque et du chagrin qui me distancent, m'absentent de ces mondes infects... Oui, avec toi, au coeur de ce champ, avec Toi, je pleure, Pettirussu
MARIN A TERRE
LES OISEAUX
Ou sont-ils, que sont-ils devenus, auraient-ils migré vers les massifs, les combes boisées et fraîches de nos montagnes, ont-ils déjà presque disparu ? Je les ai cherchés, partout, en vain !
Plus aucun oiseau ne peuple la campagne, alentour, sur des dizaines d'hectares de terres boisées que les chenilles auront défoliés depuis le printemps de l'an 2019. Là ne serait pas la cause de leur disparition !
Je me souviens d'une aube aux oiseaux ; splendeurs ! Mille chants et trilles de passereaux partageaient leurs accords et cette joie de renaître, ensemble, au jour enivrant la ramée dense des oliviers, des chênes et la généreuse suberaie.
Je survis, sur l'Île de Corse, de passage, à bord d'un céleste vaisseau, à part, unique ! Je me suis élevé, vers les sommets, les montagnes, les torrents, transporté vers d'autres rivages et sur la mer : plus un oiseau ne chante, ne s'ente aux harmonies fugaces et fragiles d'un temps qu'une époque dévaste sans frein et sans pitié...
Envole-moi
!
Profondes tristesses ; combien me manquent leur chant, leur mélodie d'amour, leur présence ! Me quitte cette foi de vivre que les matins, les aurores lumineuses réveillaient avec le soleil des anges, à l'orée de mon sommeil. Serais-je à nouveau hôte de toutes les migrations saisonnières.
Que je revois encore dans une larme les petits rouge-gorges sautillant à mes pieds, si familiers, tellement attachants et rassurants à la fois.
Le torrent de montagne n'est plus. Le lit aura été desséché ou pillé de son eau ; toute une vallée se meurt d'ennui, de sécheresse, de solitude, de désespoir et de poussières mécaniques quand résonne et claque les détonations de la mort commercialisée, consommée, perpétuée à outrance !
Je ne partage plus la figue et le raisin sous le pampre touffu que les prémices ocreux de l'automne brunissent. Je n' entends plus frissonner la ramure, la haute frondaison et ses mystères habités. Aucun nid anime les arbres, les buissons. Je demeure là, en pleine campagne, démuni de tous ces petits êtres, profondément affligé, soudain si seul, comme orphelin de ces liens ancestraux qui ont mal aux mondes fabuleux des oiseaux.
Dites-moi, comment vivre sans les oiseaux ? Ils auraient entraînés avec eux tant de fugitifs, de victimes, d'atroces souvenirs. Depuis les feux dévastateurs, sous l'emprise des poisons modernes de la terre et des airs, ont-ils été terrassés ? Et s'ils avaient migré ailleurs, loin de la modernité, vers quelques thébaïdes où se reproduire et sauver la diversité , la richesse des espèces, un peu plus près des ciels et de l'eau claire des nuages ....
J'attendrai les saisons, le déclin des jours, la venue de la pluie et les vents porteurs. Je sais qu'il est vain d'espérer mais : j'attendrai, à toujours, en au-delà !
Un trille, le chant d'un seul oiseau que l'immensité égare m'attriste plus qu'ils ne me comble. Rareté, surprise survenant tel un cruel rappel des temps anciens, de la mémoire comblée de mélodies, de berceuses à la Lune. Les champs, les vergers, l'oliveraie chantaient à tue-tête, enivraient la basse vallée du torrent qui traversait sans soucis les étés les plus chauds d'antan.
Que je dévisage les fleurs ombellées des parterres insidieusement nourris, les pétales démesurés de plantes chimiquement modifiées, les jardins, les cottages, des villas luxueuses s'affranchissant des subtilités de la nature. L'engrais y règne en maître absolu, sans partage louant dès lors le lit parjure, cause de la mort des oiseaux, des abeilles, des insectes. L'aisance et le luxe fleurissent abondamment, certes, mais au prix fort de l'irrespect de la vie !
Mais ô combien désespérants sont ces espaces artificiels surfaits décrétant chaque jour la disparition de la vie, dans l'indifférence générale. L'hécatombe des oiseaux percutés sur la route aura effacé de la mémoire des gens les féeries du peuple migrateur qui nous aura tant ravis et fascinés !
Que je vous dise que le Monde n'est déjà plus sans les oiseaux, le chant du coeur, le choeur des oiseaux à jamais perdu...
Il est comme un génocide perpétré à l'encontre de la vie, de la biodiversité, de la nature en beauté, un écocide chaque jour loué par les menées assassines d'un monde sans partage, impitoyable.
Vous qui tuez les oiseaux,que je vous mette au défi d'en ressusciter un seul ! Fussiez-vous des sphères du droit et des lois, vous qui perpétuez le crime organisé et patenté, contre l'unicité et le miracle de l'être.
Je souhaiterai tant que les Ministres parlent ainsi, évoquent en ces termes le manque à crier que je ressens dans le profond silence du chagrin, au-delà, vers l'absence des oiseaux.
Chez chez gens- là, Madame, Monsieur, on ne compatit pas. On fait de l'oseille et du blé sur l'hécatombe des oiseaux piégés à la glue, pris dans les filets, empoisonnés aux herbicides - pesticides bien vendu, le tout, la fleur au canon et au permis de massacrer officiellement bradé
!
MARIN A TERRE
Ils redonnaient vie aux arbres morts en nichant, en y abritant la couvée, défiant le temps des campagnes et des forêts abandonnées après le funeste sort de la guerre et des armes