UN PETIT UNIVERS ! ...
Il - Île est un univers aux multiples mondes qui fascinent. Que j'en rejoigne le choeur en oyant la mélodie des vents et des vagues ! Le petit Prince y aurait certainement évoqué quelques pans d'une " petite planète aux quarante trois couchers de soleil " ... Nous sommes au coeur de l'hiver, sur le chemin des sources, des étés torrides, des mises à feu criminelles et des hécatombes de nobles ramiers voyageurs.
Le Ponant cingle. Oyats, dunes chatoyantes ondulent sur fonds d'infinis. Horizons marins dévalés, rendus aux portes de tous les déserts, de la solitude. Leçons de choses !
Ces lieux ramènent à l'immémoriale traversée des premiers occupants de l'Île de Corse. Combien de vestiges, d'outils, de traces de présences humaines, d'abris sous-roches, auront été ici mis à jour, étudiés, archivés, fouillés
?
Ils sont innombrables qui, - de la céramique et de la poterie décorées aux pointes de flèches en obsidienne de Sardaigne -, jonchaient jadis le sol, les pierriers, les dévalements ocreux, les sables millénaires et immaculés. La mer était alors plus basse et plus lointaine ! Deux îles majeures communicaient par le seuil et la passe du Détroit et des Bouches légendaires.
Des hommes avisés, respectueux de la Nature en auront sécurisé les abords, les tombants, les secrets, les charmes exceptionnels afin de miser sur la pérennité du domaine.
De la terre aux ciels, rien ne saurait confiner à l'exiguité d'un territoire dénudé, pétré, il y a quelques décennies passé par les flammes et les brasiers de l'incendie volontaire.
Mais d'une vaste enclave parcourue de végétataux endémiques, d'arbustes et de résineux typiques de la dune et des rivages lacustres, des genévriers de Phénicie.
Nous nous y sommes maintes fois enivrés, comme si nous avions voyagé aux confins des terres inhabitées. La tempête distance si souvent les limites de ces immenses jardins.
Vienne le printemps qui embrase ces tombants et livre les splendeurs de l'infiniment petit
Ergs, regs évoqués, moutennement des dunes, confins montagneux, rien qui n'eût suggéré ou révélé une présence parjure, quelques artifices indésirables qui eussent travesti la nature en beauté, attrayante, rayonnante. Terre et mer valent loi littorale indéfectible par le jeux de leurs influences respectives. On n'attente pas au pacte naturel !
Les premières fleurs du maquis éclosent. Je me prends à rêver d'un repas frugal pris à l'intime d'un léger talweg où l'on invoque aussitôt un Déjeuner sur l'Herbe !
Nuages et virga auréolent ces paysages et ces vallons de quiètude. Je marche à pas lents. J'observe, prends çà et là de nombreux clichés, des notes qui me feront écrire au plus près des choses essentielles ; parfums, couleurs, tons de circonstances, nuances et camaïeux de la mer que les nuées déclinent sans fin. Balcons sur l'azur ou précipités de l'instant si précieux
!
En contrebas, une aile anime un ballet silencieux ; quand le sillage sitôt refermé et l'arabesque souligne la moire intemporelle. Etranges pantomimes que le grand bleu révèle depuis le champ des vagues et des dunes.
Les siècles auront passé qui, de la chasse et de la survie, consacre désormais le jeu, l'émotion, le rêve. Puissant ressenti que l'âme poursuit, ravive, en quête d'éternité... Rencontres insoupçonnées, ruptures vitales, harmonies retrouvées !
Des halliers de romarins en fleurs, un résineux à larges baies parfumées, un passereau et son trille, des empreintes que le vent efface, et puis, une étrange impression que l'on ressent, un regard pesant...
Une silhouette minérale surgit, à jamais figée, dévisage, force le volte - face, génère la stupéfaction, l'interrogation. Qui en est le sculpteur cyclopéen
?
Les vents d'amont ont porté si haut les souvenirs de la mer. L'énergie des eaux tourbillonantes creuse la roche grenue. Pierre philosophale ou bestiaire lithique anthropomorphe, quelle partition joue le hasard ?
L'énigme s'est emparé des lieux, résiste aux aléas du temps, se poursuit et brandit ses doigts calcinés aux dieux de la désolation et de la furie des hommes indifférents à la beauté, à la quintessence même de ces arpents de terre qu'un fabuleux et unique jardinier pourtant ouvrage et partage.
Que les mots me viennent en aide, divers, variés, nombreux, dityrambiques dit-on ; qu'importe ! Peu me chaut le quand dira-t -on, le jugement de valeur.
Je voyage au coeur de l'infiniment petit et je m'octroie ainsi, par la pensée et en esprit la plus vaste et lumineuse des destinations. Que Planète Terre m'en soit un tantinet reconnaissante
!
Ainsi de ce petit univers où je demeure reclus. Il me faut inventer, rêver un autre monde sans modèle, intouché, aux portes de l'oubli et de l'indifférence, comblé de vérité.
Qu'un parterre de cystes de Crête, un bois de myrtes odoriférant, un oiseau inconnu, une touffe d'oyat ou de jonc ivre de brise et de clarté solsticiale ouvrent sans frein la bonde de mon coeur.
Qu'un cerf-volant dans le lointain danse aux étoiles et me rapproche à toujours du petit Prince. Que je demeure toujours soucieux des roses et de leurs épines, du renard, de la mésange, de la belette, du ruiseau qui chantonne dans les vallons ocreux la romance des libellules aux ailes de fées.
La multitude des grains de sable me conte la genèse des montagnes, des saisons, des forêts, des torrents, des orages, des canicules et des galaxies.
Que le lézard et la salamandre m'en soient témoins, car je participe enfin, à ciels ouverts et solennellement bons, du Message sain et inaltérable des métamorphoses.
Ce penser, ainsi ciselé, ouvragé, tels une sculpture, un dessein aux bois flottés parti à la dérive de l'imaginaire, en esprit, à bord de la mémoire commune.
Un texte rédigé et valant pacte d' alliance. Quelques confessions allant à l'encontre des spéculations outrageantes et de la dictature de l'argent
!
Marin à Terre
Grisé d'alcools sains
En toute première écriture le 30 Janvier 2020, avant la Tempête Justine et le dernier SOLO
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