Que je vous dise et vous conte au fil de l'eau, en cheminant le long des rivages et des accores insulaires, l'immensurable, l'inextinguible traversée. L'horizon, l'imprécis, l'infini de la mer et du ciel, le voyage onirique du soleil qui s'élève et qui chute en consacrant l'espérance, la noria des vagues éthérées et des nues embrasées, que les montagnes follement embrassent ... Unique, ultime viatique qui va et qui transhume à l'orée des jours et des nuits bercés de lune et de dunes en croissant.
Un monde, un univers où l'opportunité de la distance et de l'éloignement ne commanderaient ni ne confineraient jamais plus à la sédentarité, à la réclusion, à l'immobilisme, à la proximité... L'âme et la mer ne laissant plus d'offrir en esprit, à la pensée, ces ouvertures et ces vitraux de ciels que les horizons bleu-de-ciel, ocres, gris, pourpres, carmins, arc-en-ciels, ultramarins délivrent sur fonds d'aventures, d'imprévus, d'incessantes découvertes, de révélations, de profonds mystères.
Que chaque départ, chaque envol, chaque retour, en toute liberté consentie, espérée, désirée, me soit unique occasion, possible, allant, refuge, sitôt parti et pris par les flots, emporté parmi les messagers, les nuages et les artisans du temps qu'il fait et qui passe.
Pâles, tristes et tragiques reflets de ces jours habités, peuplés, dévastés, exangues, terrifiants, aimants, qui ne sauraient être les fruits de Terre - Océan mais, hélas ! des-humanités parjures au pacte d'alliance pacifique que la beauté et l'amour ceignent telle l'aura d'un vaste soleil qui brille pour tous, sans rayon, vers demain et l'océan apaisé des âmes !
Et depuis la mer, comme un infernal brasier dans le regard de l'azur, les pans innombrables d'une agitation vorace et cupide bousculant, rythmant la marche et la menée suicidaires des certitudes, des servitudes assassines, d'un rapt perfide et contre nature.
" Kallistê "
J'engrange dans ma souvenance le miroitement, le brasillement, la perpétuité de tes écrins cachés.
Je retiens dans mon coeur le choeur et la polyphonie des saisons îliennes qui sont les tiennes.
Je remonte le cours des vents, préludes au chant toujours recommencé des vagues ! Allégorie cristalline au grand saut, au grand départ, fulgurance de l'être au temps droit dans le soleil traversier du solstice, mystique de la voile libre que le puffin cendré initie, réveille, accompagne en exaltant la sphère et la vire oniriques d'une gestuelle éminemment, solennellement affranchie.
Et c'est ainsi que je m'éloigne, que je quitte déjà Terre pour mieux étreindre la Foi d'une île évanescente fuyant la dérive des continents, le joug des foules, la marée des empires froids et conquérants.
L'exil regagne l'infiniment grand d'une virée cosmique dont je suis. L'espace d'un bref instant, je voque comme l'oiseau migrateur, le perpétuel enfant des mondes sacrifiés sur le socle doré des outrageantes devises en marche vers le chaos.
Vous m'avez livré puis initié au sentiment, à l'appel de la Liberté. J'entrevois les voies de l'amour, le sens et le chemin des métamorphoses, de la beauté, la fascination des lointains et des possibles, la compréhension et la perception des mondes vrais.
Vaste désert mouvant, perpétuellement ondoyé, entre dunes et mirages, à toujours fleuri ! à ton bord comme à tes côtés, j'oscille d'un pôle à l'autre d'une vie d'amour et de fidélité vouée au grand Tout irradié de lumière. Merveilleuse vire d'où prendre son dernier envol, face à Mer-Océan
!
- MARIN -
Eperdument Marin
Prose saline
1 ère Ecriture le 25 Juillet 2021
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