COMME UN RENDEZ - VOUS ! ...
AVEC
GEORGES NEMO
J'ai chaussé la plus volumineuse de mes planches courbes. Je l'ai ailée d'un chiffon rouge vermillon ; desseins orphelins. Allégorie à la liberté, un accroche - coeur auquel se joint le choeur et la polyphonie naturelle d'une Île à part ! Et je suis parti. Je n'aurais manqué pour rien aux Mondes ce rendez-vous et ces retrouvailles avec les oiseaux marins ...
Je croise en route de fabuleux Amis, les Puffins Cendrés, si fidèles ! Ils sont du large, du grand bleu, des abrupts qui s'offrent aux vents droits, à la traîne capricieuse et lumineuse balayant les fronts orageux de la nuit et du matin. Un éclaté de ciels propres ! Des monceaux de nues hybrides et meurtrières ...
Aussitôt passé le dernier grain, la Grande Mer, l'éclaircie, le vaste golfe me happent. Un kaléidoscope de ciels bretons radieux s'éploie devant moi. La saute au Noroît fulgure et chamarre l'entrée des Bouches de Bonifacio. Chaque heure qui passe dévoile un florilège de tons, de nuances, de camaïeux soufflés par la rafale, affolant la moire et la veine d'eau diaprées...
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La mer, les intempéries, des phénomènes météorologiques rares et intenses ont ces derniers jours tué, jeté des voiliers et des bateaux à la côte, pris qu'ils auront été dans la soudaine tourmente de l'Arcus d'orage et de la trombe marine nocturne que seul le profond silence révèle.
On évoque même un Méso-Cyclone survenu dans le Nord de l'Île. Il a engendré un retrait de la mer de plusieurs centaines de mètres, des vents plus que violents ! Nous y reviendrons dans un article documenté et spécifique.
Je pense aux proches des victimes, cela seul m'importe. Les Puffins Cendrés, le petit Albatros de Méditerranée que j'ai nommé et que je reconnais à son aile bléssée, à son vol, me comprend. Nous évoquons ensemble la voix des extrêmes, les horizons impitoyables comme la beauté lénifiante des grands espaces ; ainsi de la vérité, de la gande traversée, du Peuple Migrateur !
Ainsi du sens, de l'essence, de l'immanence, de la transcendance, de passage, hors du temps. Ici, l'on a plus d'âge, la durée s'étiole, l'éphémère abdique, les maux se taisent !
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Il me faut renouer avec ces étendues ouvertes au large. Discerner lointainement l'ensemble des vagues qui se prêtent à l'aventure en bordant l'île de leur long manteau de neige fondue. Congère marine ou cycle vital de l'eau ! Il n'y aura pas ici de dernier névé ...
Au fil du dénouement de la houle, je longe ce trait de côte exceptionnel, découpé, acéré, jalonné de pointes, ponctué de secs et de hauts - fonds qui forment et offrent un lot incessant de lames et de pics d'eau. Que la diversité et l'authenticité me soient témoins ! Un front de mer très exposé, qui engage le dictamen ; on y vient pour plus tard sans oublier de saluer bien bas les sentinelles de pierre !
Je suis et participe de ces geysers d'écume oniriques. Précieux repères que j'approche avant l'hiver. Aurais - je encore la motivation et les aptitudes de voyager à bords des coups de vents et de mer, de réaliser des solos envivrants
?
Je m'échappe vers les Bouches ; un mille nautique suffit à découvrir la mer du large ; magie de deux îles soeurs, du Détroit et de ses vertigineux accores, du Tournant qui plus au vent, dans l'Ouest du golfe, canalise et rejoint le vaste charroi des houles lointaines et hallucinées !
A terre, blottie derrière un muret de pierres sèches, légèrement abritée du vent et des nombreuses bascules diurnes, " Emmila " guette l'instant, l'éclosion, l'accord fusionnel qui vire à l'esquisse ouatinée invoquant le nuage et la pluie ; suppliques en ces temps de canicules et de catastrophes anthropiques ?
Je file sur une mer gonflée de chaleur ; intumescence ondée des flots dont je dévale les pentes lisses et profondes à grande vitesse. Se laisser porter, emmener, cueillir l'imprévu, s'émmerveiller de l'inflorescence marine gorgée de sels marins. Uniques fragrances qui perdurent malgré le grand malaise des eaux, de la terre et de l'éther ! Le salut viendrait - il de la Mer, une dernière fois, des Océans
?
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Epilogue
J'évoque les Cétacés qui nous arrivent et s'engagent pour mourir en remontant la Seine ? Ultime voyage, migration sacrificielle : Une énigme ; survient le tour d'un Phoque... Troisième victime d'un funeste pélèrinage fluvial vers les terres.
Que nous disent -ils ? Témoins, vigies, passeurs, donneurs d'alertes, ne donnent -ils pas leur vie en échange de précieuses révélations :
_ " La Terre, la Mer, les Océans, les Airs se portent très mal, attention, dangers " !
Est-il déraisonable de fabuler ainsi ? Je ne le pense pas : j'y crois, plus que jamais ! Les Cétacés sont la mémoire de la Mer. Ils animent un tout autre Monde qu'ils n'auront ni souillé, ni impacté, ni bouleversé. J'opte pour un appel désespéré aux hommes de bonnes volontés.
Planète Bleue leur est tout autant et déjà inhabitable
!
- MARIN -
Journal de Bord - Board
1 ère Ecriture le 19 Août 2022
Au lendemain de tragédies climatiques qui ont endeuillé l'Île, les vacances, l'été, les proches des nombreuses victimes.
Pensées en Mer
!