UNE OIE BERNACHE !
Quelle ne fut pas ma surprise, en regagnant le bord, après de longues échappées en mer par un vent frais d'Ouest, de découvrir cet oiseau familier ! Au premier abord, il m'apparut perdu et blessé, claudiquant sur un sol aride et caillouteux !
Avait-il regagné la terre pour se réfugier, épuisé, égaré après avoir été abandonné, incapable alors de poursuivre avec ses congénères leur grande migration annuelle ?
Le personnel du Parc Marin, sitôt alerté et rendu sur place - nous les en remercions - , nous dénomma cette espèce d'Oie, l'Oie Bernache, grande voyageuse, dont les périples se situent autour des mois de Mai à Juin ( Voir l'encart plus bas ). C'est un animal docile, capable de s'attacher très vite à l'homme et, il convient de le rendre à son milieu naturel le plus rapidement possible ; d'abord, nous pensâmes qu'il ne savait pas encore voler ; ses ailes toutes repliées, aux rémiges quasiment enlevées ou abîmées, semblaient si courtes, un corps trapu et d'une allure générale très jeune, nous amena à agir sur le champ afin de le soustraire à tous les dangers.
Sur ce point, on évoqua la possibilité d'un lâcher d'oiseaux d'élevages pour satisfaire l'appétit du plus grand des prédateurs, impatient de tirer et de tuer l'oiseau en vol ; c'est aussi une piste à ne pas négliger...
J'ai longuement détaillé cet Anatidé au plumage doux et cendré, ses yeux vifs, ses élans de proximité pour venir prendre la nourriture que je lui tendais à portée de la main ; aussitôt il se sentit en confiance et choisit de rester près de nous. Il passa la nuit seul et au vent, sa petite tête ronde blottie en arrière dans le plis supérieur de l'aile, tanguant sur ses pattes à chaque rafale de vent tout près de la berge.
Nous le voyions déjà perdu, en danger et décidâmes le lendemain de revenir sur le site, de lui porter un complément de victuailles qui lui aurait redonné quelques forces, l'hypothétique envol salvateur...
Ce fut fait, nous le préservions dans la matinée de la curiosité trop entreprenante des enfants, des dangers de la foule. Puis vint un chien de chasse, sans doute attiré par l'odeur du gibier sauvage. L'oie prit peur.
D'un seul coup d'ailes, puissant et lourd, la petite Oie s'élança au-dessus des flots, vers les zones humides de la baie, rasant la mer et décrivant les longues courbes du rivage souligné d'écume. J'étais soulagé, un peu ému, je contemplais enfin la noblesse du vaste vol libre, je mesurais en un instant toute la majesté de l'oiseau, Marin et Migrateur, pèlerin aussi des saisons couvrant l'immensité de ses migrations en se dirigeant aux étoiles, à la lune et au soleil, planant au-dessus du grand désert des hommes plus prompts à tuer, à ensanglanter le ciel, à gaver ces petits chefs d'œuvre de la nature qu'à les protéger dans la grande partition du monde originel et de la reproduction .
Prodige d'adaptation, elle survit, seule, isolée ; attendrait-elle le retour de son céleste essaim, offrant aux regards des enfants les merveilles et le souvenir du conte fantastique de Nils Holgerson et de ses oies sauvages apprivoisées, images qui bercèrent l'enfance de tant de progénitures ?
Si vous la rencontrez, qui que vous soyez, laissez-la voler !
Voici quelques informations glanées dans le Web, au sujet de cette petite Oie, très particulière et très tendre
:
Elles appartiennent à la famille des Anatidés (canards, cygnes ) . Elles ont les pattes palmées. Grâce à leurs ailes bien plumées d’environ 1m d’envergure, elles peuvent facilement voler. Elles pèsent à peu près 1 kg. Sur le bassin d’Arcachon, on peut trouver deux sortes d’oies bernaches : - les oies bernaches cravants à ventre pâle - les oies bernaches cravants à ventre sombre
Les oies bernaches migrent en Sibérie pour se reproduire et s’alimenter. (de Mai à Juin). Elles séjournent sur le Bassin d’Arcachon d’Octobre à Mars. Elles parcourent environ 7 000 km. Pour se déplacer, elles ont besoin de regarder le ciel, la lune et les étoiles. C’est ce qu’on appelle la photo-période. Il leur suffisamment de graisse pour survivre et pour parcourir de plus longs voyages.
Pour séduire, le mâle fait sa parade à la femelle ; il lui offre des algues. Lorsqu’ils se sont accouplés, ils font leur nid avec des plumes qu’ils s’arrachent et des végétaux aquatiques. Ce nid mesure environ 30 cm. La femelle bernache pond de 4 à 6 œufs par couvée. Quand le petit naît, au bout de 24 jours, il lui faut environ 40 jours pour devenir adulte.
Les oies bernaches plongent pour s’alimenter ou bien attendent la marée basse pour se nourrir sur les bancs de sable. Leur alimentation se compose d’algues, de mousse, de lichens...Ce sont des animaux herbivores