U RIZZANEZE E TAVARIA / CAPU LAUROSU
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Dernier regard vers le grand bleu du village de Tivulaghju. Plongeon dans l'azur que festonne la terre ocreuse des montagnes. Le Rizzaneze n'est plus ! du moins dans sa course de Moyenne Montagne jusqu'à son embouchure vers Capu Laurosu. Le Barrage l'achève. Les cours d'eau et les torrents révèlent souvent leurs ultimes atours et splendeurs en se rendant à la mer.
Oui, ce Cordon lagunaire exceptionnel de plus de Trois Mille Mètres de sable qui pare toute une vallée, ces bancs dorés que soulignent les vagues majestueuses du Valincu vont lentement ou très vite disparaître.... A près de 300 mètres d'Altitude, je vois la dune s'amincir, la mer commence affouille profondément les desseins du fleuve et en change aussi les courants de l'embouchure amoindrie. C'est une consternation, un outrage aux conséquences incalculables sur l'environnement et aussi à ce Biotope d'une rare composition.
Les regards du Valincu sur l'Ouest perdront à jamais leurs paupières lumineuses sans les fards de l'Asinao, de l'Alcudina, de l'Alta Rocca ! Il ne resterait que Baracci, son torrent impétueux et indomptable, les brûlures profondes du Monte Pelosu pour témoigner de l'antique féerie de ce Golfe encaissé, aux dizaines d'anses et criques ?
Et pour parfaire le tableau cynique, une destruction programmée, l'immense station d'épuration a été juchée - Édifice Hideux - sur les contreforts de la dune, ces premières collines encore sablonneuses où éclatait au printemps un maquis denses de senteurs et de couleurs ravissantes.
Plus loin, c'est bien connu, Capu Laurosu, laissé en pâtures aux roues voraces qui lacèrent inlassablement les restes d'un abrupt sur la mer, là même où, lorsqu'il y a maintenant plus de trente ans, je venais contempler les grandes houles d'Ouest s'abattre sur la plage et ses perpétuelles métamorphoses.
A-t-on déjà pensé, évalué les désordres qui vont désormais peser sur toutes les rives de ce Golfe ?
Je m'élevais vers Campumoru et je m'éverveillais face aux plus belles vagues de l'Île, ces ondes immenses de Mistral et de Punente si massives, diaprées de tout le lait de la mer qui s'élançaient et léchaient les pentes lisses et mélodieuses de sable. Derrière la dune, des prairies, des zones inondables, tout un ensemble lacustres de nidification, de reproduction, de migration, de plantes pour tant d'animaux qui aiment cette Île et en font un choix irrévocable de destinées !...
Je fis ici mes premières grandes descentes de vagues, sans dérive, avec ma vieille Windsurfer Rocket !
Jamais je n'aurais pu imaginer que l'on puisse porter atteinte à un tel Site ! Une enclave, un don des Îles Lointaines, un voyage perdu au coeur de l'insularité et surtout un balcon sur la mer à couper le souffle.
La Modernité s'est imposée, la beauté n'est plus un créneau qui rapporte appréhendée à court terme. D'ici peu de temps, l'immense domaine de Tavaria, Portigliolu, Capu Laurosu deviendra ce que le temps a généré vers Purticciu... Une sorte de Littoral hybride où les eaux usées de la station d'épuration, le béton, la terre rapportée et les digues artificielles oeuvreront lucrativement contre les flots de la Grande Bleue. Les engins féroces ont ouvert la terre, ils la saignent profondément. Ils l'ont blessée à mort, privée de la sève et du limon des montagnes.
Valincu, tu n'es déjà plus ! Cupabia, Tavaria, Marinca, toutes tes nobles dunes subissent l'assaut de papier, le plus redoutable d'entre tous les coups hors du temps que l'homme s'évertue à donner, à frapper.
Ces lieux préservés, aménagés aussi auraient suscité éternellement l'attraction et la curiosité non seulement des visiteurs mais des Insulaires autour de nombreuses activités vouées à la Nature, à la Paix, à la sérénité
!
Ghjorghju d'OTA - Pà Corsica...Go56