LE PACTE NATUREL CORSE / SUITE !...
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Je le dis et insiste, la mer m'ouvre des fenêtres de ciels sans nombre, à l'instar des étoiles et des grains de sable dont on prétend qu'ils seraient aussi nombreux que tous les astres et les corps célestes de l'univers, des plurivers !
Si la mer me prend, m'accepte et consent à mes jeux impudents, magnanime et tolérante, qu'il me soit alors loisible d'en rapporter ces quelques humbles pensées depuis l'azur dense.
Rien ne saurait être serein, pacifié, apaisé alors que la ligne d'horizon révèle au Levant le tourment et la déchirure. L'exil et l'exode s'y abîment impitoyablement et naufragent du commun accord des étendues, des vents, des vagues qui m'exhortent pourtant à jouer vers le Ponant, à l'Ouest, dans le couchant, de l'autre côté des Mondes en souffrances.
Ainsi de mon île et des ses balcons ouverts sur le grand large se rappelant à l'âme et à la mémoire de l'humanité à jamais endormies, livrées aux abysses, de passage, conquérantes et conquises, razziées, arrachées à la terre natale, livrées aux outrages de la dominance !
Il fut un temps, les dieux ralliaient aèdes et poètes sur la voie de la découverte, de l'aventure, de l'énigme et des légendes. Les mystes en gardaient jalousement le secret, la fine intuition que la poésie et la tragédie, - tel un élan bipolaire subliminal pourrait encore en circonscrire les mondes -, les révélations dont on eût souhaité qu'elles ne fussent jamais outragées, dévastées, meurtries, ensanglantées.
Si la mer me prend, dans l'acceptation consentie d'un rapport à la mort imminent et souverain, n'est - ce pas pour en conter, humblement, ses préciosités, ses merveilles, ses pans de hautes lices où les éléments convolent et irradient au diapason, à l'unisson de la Nature en beauté, palingénésique, originelle, solennelle, pérennelle ?
Le regard que la mer porte à la terre nous en dit tant, plus que toutes les images, les clichés, les lieux communs et les cartes postales qui se vendent à la pelle le temps d'un été, d'un séjour, d'une pensée, d'un vol de drone. Mais au-delà du décor, des effets trompeurs de l'altitude, de l'image réalisée en ultra - haute définition, il y a la réalité du terrain, du terrien, vouée aux gémonies du déchet, de l'accaparement, de la dévastation, des feux, de la défiguration des visages d'une Île en sursis et dont on voit dévaster les champs de toutes les beautés.
Il me tient à coeur, par - delà chaque sortie, d'engranger une moisson de témoignages qui disent l'urgence et l'acuité de toutes les mesures de préservation, de protection déjà prises et menées à la faveur de la terre et de la mer aujourd'hui impactées, agressées, dans un contexte inquiétant et surchauffé à blanc.
Il est dans ce choeur d'île un ensemble de fausses notes rapportées qui brouillent et polluent profondément le sens originel que l'on attribue à l'harmonie, aux grands équilibres fondateurs de l'idée de Nature, qui bousculent le regard et le respect que l'on doit au don des ciels.
Accepter, supporter, accréditer le fait que la Réserve, le Parc, la Zone de Protection Renforcée jouxtent l'étendue de zones industrielles démesurées, les îlots hideux de ces hangars métalliques dilacérant la montagne, ne me semble pas le bon choix ni la bonne stratégie. Le rouge et le noir, la beauté et la laideur, l'authentique et l'artificiel de mauvais goût, les anachronismes tutélaires ne sont pas des réalités que l'on juxtapose et mélange à l'envi.
Ils ne demeurent pas consubstantiels de l'harmonie, de la juste et respectueuse intégration, protection, préservation du milieu. Le cadre de vie qui est le nôtre se devant aux exigences de la Terre que nos Anciens nous ont livrée, majoritiarement épargnée.
Locataires de l'espace terrestre, acteur systèmique de la modernité, respectons les injonctions imprescriptibles d'un pacte naturel, du Pacte Naturel Corse, pour le meilleur et non pour le pire.
Odieuses pollutions visuelles, inacceptables aggluninements et recouvrements des grands surfaces commerciales, défiguration des abords de routes, accaparements des bords de mer urbains, communaux, disparition de l'habitat de type traditionnel, entassements gigantesques et ostentatoires de rebuts et d'engins, terrains vagues non défrichés, la cité, les zones commerciales tentaculaires et la ville rognent inexorablement la grande et belle aventure de la nature en beauté, les bords de mer aux côtés de vastes zones qui auront été et sont préservées. Le mal insidieux se propage tel le virus d'une modernité malade de l'avoir et des collusions.
Les lois sont édictées au nom de qui sert l'intérêt dominant, majeur, ligué, hélas ! non en faveur de l'étant. Pour preuves, les innombrables exactions dont les travers sautent aux yeux tout le long des rivages et des côtes validant et certifiant outrageusement la mainmise et le contrôle.
Avant qu'il ne soit trop tard, redonner au trait de côtes insulaires son visage d'antan, quoiqu'il en coûte, le tribut et la récompense n'en seront que rendus au centuple
!
- MARIN -
Le Pacte Naturel Corse
Libre - Opinion
Le regard de la Mer à la Terre
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