VIOLENTES TEMPÊTES !...
L' ÉTANT
Le coeur de l'hiver bouillonne. Emulsions iodées, sels des îles. L'homme reste encore, en ces vastités, le ciron pascalien.
Le temps est au solstice, aux astres qui donnent tout ce que la lumière et les contrastes fabuleux content depuis toujours. Traversée entre deux territoires devenus si lointains. Un puissant Mistral envahit la Méditerranée Occidentale et plus particulièrement les zones marines Nord. Le froid cingle et l'embrun gifle au visage. Face au vent, lors de très fortes bourrasques, la marche ralentit, peine. En chemin, de gros grains de sable volent, fouettent le pas. La mer fume, gronde et bat le rempart minéral protecteur des tombants de notre vaisseau antique ; unisonnance inhabituelle, éloquente, angoissante des vagues. Horizons, infinis, parcourus de moutons et de lames courtes et désordonnées. Écumes dont les barres épaisses, oblongues, chutent lourdement, affolées. Blancheurs laiteuses et aveuglantes d'un jour de violente tempête. Omniprésence de la mer à l'intime des terres de vertiges, des vires envoûtantes, des cimes polyphoniques.
Selon l'échelle de Beaufort, invoquons sitôt la force ouragan, au-delà très certainement !.. L'anémomètre digital nous accorde cinquante à cinquante noeuds pour les vents moyens, à la surface tandis que les pointes tutoient 65 Noeuds, bien davantage à une encablure. Univers, ondes palpables, les sens exultent !
L'île et ses côtes exposées au vent dominant sont assaillies par une flotte de rouleaux incessants, innombrables, surgissant de nulle part, des profondeurs insoupçonnées, au gré de la houle de fond.
La côte orientale, partiellement abritée de la forte mer, subit de nombreux tourbillons de vent qui se forment en dévalant les montagnes, selon les caprices du terrain. Visions fantomatiques, silencieuses hantent les golfes et les entours des caps. Deux mondes tellement différents que la tempête balaie à sa guise, en forcissant vers la nuit, hâlant le Ponant ; deux mondes pourtant si proches.
Les distances apparaissent plus grandes. Les éléments déchaînés en ont ainsi décidé, bossuant l'immensité de l'azur, creusant ces reliefs atmosphériques invisibles dont la science trace si bien les dénivelés, les gyres éthérées selon la pression de l'air. Fluence, émulsion, alchimie : qui rivaliserait, défierait ce déferlement d'énergies indomptables ? Et pourtant ...!
Équilibres subtils et si fragiles que la terre et la mer semblent encore préserver entre eux, malgré les vents fous, les vastes courants de surface emportant les flots à si grande vitesse, comme si une marée d'équinoxe fût sur le point de tout engloutir.
L' AUTRE DIMENSION
Nous ne saurions évoquer la mer, l'océan, leur univers de tempêtes et de calme retrouvé dans la quiétude céleste de l'étant qui nous aura été accordé.Puissions-nous, à cette ocasion, relever les funestes menées des ploutocrates qui nous gouvernent et détruisent tout, à très grande vitesse. Ainsi de la nécessité et de l'urgence de ces humbles textes et pensées
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Irions-nous jusqu'à bouleverser sans retour l'ordre des choses en réchauffant à ce point d'extrêmes tensions la planète ? Comme cela paraît encore peu probable, à tous les détours, à chaque tournant d'une Île fascinante qui nous abrite et nous enivre les jours de tempête.
Si nous ne décelons pas encore de signes tangibles et définitifs, de repères précis à la côte attestant la montée inéluctable des eaux, ( Côte Occidentale ), notons tout de même que les sur-cotes, les marées de coups de vents et de tempêtes, à la faveur des plus basses pressions et des grains, des fortes pluies et des crues, en élèvent le niveau des plus forts coefficients, de façon inquiétantes, soit près de 0.80 m d'amplitude en rapport avec le niveau moyen de la mer, selon nos observations. D'où l'accélération de tous les phénomènes érosifs littoraux.
Puis tout rentre dans l'ordre, reprend sa place, dans son immutabilité grandiose. La Grande Bleue recouvre la quiétude des jours de brises, de saison. Un mince manteau cristallin souligne paisiblement les mêmes portions de rivages, celles que nous connaissons depuis tant d'années, des décennies ! Tous les rochers affleurent, disparaissent au gré des modestes marées, selon un marnage tout de même plus marqué les jours de Lune favorable, mais rien d'inquiétant. Serions - nous ici davantage préservés des désordres environnementaux à venir ? Souhaitons-le quand il est de plus en plus difficile de formuler quelques prospectives, prévisions, modélisations numériques.
Et l'on se dit combien la mer, les étendues, tant de surfaces liquides retournées, brassées, profondément aérées débarrassent l'air souillé d' impuretés, de particules, de ces nouvelles substances rapportées artificiellement par la civilisation et le culte de la dominance sous toutes ses formes. L'homme feint d'ignorer les précieuses manifestations de l'étant afin de régner en maître absolu, pour une durée qui lui est mesurée. Il le sait tout en bousculant obstinément le cours de notre ère et de tous ses processus d'évolution. Il pourra se targuer, au plus niveau des états, d'avoir changé la formule magique et la dive composition des eaux de la mer et des océans !
Mais la curée et la grand-messe n'auront qu'un temps ! Déjà sursitaires quand le retour aux siècles propres n'est déjà plus qu'un voeu pieu, une vue de l'esprit que le cadre et l'état actuels des institutions, des régimes politiques en place condamnent sans ménagement, avec le souci du management cyniquement létal.
Un jour viendra, la tempête faillira à ses desseins tutélaires ; elle ne parviendra plus dès lors à laver les ciels turbides de la civilisation de l'or noir aux parachutes dorés. Elle dévastera tout, une fois pour toute
!
- MARIN -
A Terre
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