VIOLENTES TEMPÊTES !...
Violente Tempête - Grand Sud de l'Île de CORSE - Janvier 2019
!
« Confrontés à l’immensité du monde, nous mesurons la petitesse de notre être, ce que nous voyons n’est pas beau, mais sublime […] Devant ces spectacles, nous éprouvons un sentiment de jubilation mêlé d’effroi. »
Emmanuel KANT / (in Critique de la faculté de juger, 1790)
" La confiance c'est la conscience de ce que l'on peut faire "
Justine DUPONT
***
Que je fasse miennes ces deux pensées fondamentales. Distantes de plusieurs siècles, issues d'univers diamétralement opposés, elles se rejoignent aisément. Puissent-elles évoquer, côtoyer fidèlement le monde de la mer qui parfois tempête au-delà de tout comme il irradie l'étant de souveraines beautés.
Les pratiques extrêmes ont révélé les domaines des plus hautes vagues à l'instar des coups de vents portés à leur paroxysme. Le contexte qui les génèrent connaît une évolution alarmante. Il n'y aurait donc aucune limite qui circonscrive un éventail, une graduation de valeurs réelles telle l'échelle de Beaufort.
On eut par le passé et déjà élevé la puissance tangible des vents à la Force 17, soit plus de 103 Noeuds / 191 Km / h. Des sommets et des crêtes largement atteints et dépassés depuis quelques années au Sémaphore situé à l'extrême pointe du Cap Corse, voir du Cap Sagru, sous le vent, sachant que des pointes de vent auraient dépassé 240 Km / h
!
Je ne saurai jamais, si la nuit, les vents soufflent encore plus fort ! Voilà une énigme que je ne peux résoudre sans l'éprouver en mer ; du moins emmené que je suis à bord de ce petit esquif vélivole, si léger et vulnérable. L'infime créature censée le manier par tous les temps évite l'aube et le couchant des jours de coups de vents. Laissons à la nuit profonde et aux navigateurs hauturiers, aux Solitaires la plénitude, l'exclusive de leurs secrets ...
Mais que je vous dise l'intense féerie des éléments déchaînés qui s'éploie aux parages des côtes, des écueils, des îlots. Qu'une aile et une planche courbe en captent et conjuguent sans fin les sources d'une énergie magnifique. La voile est libre et s'exprime telle l'épure du vol migrateur dans les ciels automnaux.
De ce contact permanent et si intime, si proche et fusionné avec toute l'eau de la mer et le souffle tempétueux, naît un puissant sentiment d'osmose, de symbiose. Si les sens demeurent aux premières loges de ce spectacle, l'esprit en commue, en sublime les afférences que seul le poète interprète et transcrit en pensée, en croisant, en arpentant un fabuleux labyrinthe.
Se donner un cap, évaluer les possibles d'une destination offrant l'excellence des vagues, du paysage, de ces rivages irradiés de blanches beautés et tout autant impitoyables.
La vitesse et la fluidité pour uniques réchappes. L'envol et la légèreté ou guises d'intenses griseries. De folles ellipses venant parfaire les contours de l'ivresse, que ne vous dis-je jamais assez et qui n'eût démérité aux attentes des grands espaces ?
De longues traînées d'écume, le bruissement envoûtant et continué de l'embrun en volées, l'empreinte d'un sillage qui creuse profondément la distance et la solitude, la rencontre avec le Puffin Cendré qui plus au large s'approprie la mer du vent chaotique en rasant les lames, tant de subreptices nuages qui naissent dans le silence des lointains, des brisants et des îles...
Naviguer par très gros temps, d'un cap à l'autre, par la route directe, livré aux éléments restera pour moi, à chaque fois, une expérience unique, fascinante. Tel un appel qui me hante et qui s'ente au vaste chant de la mer en beauté. Je demeure comme je meurs lentement, à l'écoute du relief invisible des airs où fluent les prémices de la délivrance !
Ce domaine est le mien ! Nul n'y entre, ne saurait en capter le numineux des messages qui sourdent du Ciel, l'envers de tous les mots que la course de Frère Soleil initie sur la voie, la Longue Route, l'Alliance.
Point de strapontin, de vitrine, de leviers artificiels qui eussent forcé l'entrée en lice sur les scènes du paraître. Je m'en voudrais de travestir le poème de l'azur, l'horizon, la clarté du récit qui se vit plus qu'il ne s'énonce aisément à l'aune de la destinée choyée, heureuse.
Je ne le vendrai ni aux chiffres ni à la confrontation qui propulse haut et fort par respect pour l'humilité et la mer prodigue.
Et que je vomisse sur les paparazzis de l'image facile vendant à l'encan les pans d'ne souveraine allégeance au Tout que l'homme souille et trahit sans fin par cupidité et arrogance
!
- MARIN -
Récits et Ouvrages Marins
Pensées en Mer
_______________________________