BALISTRA 1989 / 1996 !...
Nicolas S
vole et kite - loop haut
Ce récit, ces souvenirs vont au présent et ne relatent point la journée d'hier, bien que j'associe à cet élan mémoriel des images de la veille ! A partager ; tout le monde n'y sera pas, certes, mais le coeur y est, en ces temps d'angoisse, de solidarité et de profonde pensée migrant vers les peuples agressés, soumis par la puissance des armes à la mégalomanie des tyrans.
CORSICA...GO56
SOUVENIRS ET LOINTAINS
Un temps pluvieux, fortement marqué par un régime de secteur Est à Sud-Est, aux vents soufflant assez fort à fort. En ces jours d'automne et de printemps, la destination du Grand Sud est prisée. Les véliplanchistes le savent, se posent et observent, considèrent la mer houleuse, appréhendent un puissant ressac. De hautes vagues ferment la baie. L'écume des rouleaux lèchent le splendide cordon lagunaire parsemé de bois flottés. Les bancs de sable se déplacent au gré des coups de mer. Un troupeau de vaches paît, imperturbable, impassible. Il pleut, abondemment, conformément aux saisons. En ce temps là, les vents du quadrant Est ne craignaient guère les fortes pluies. Il s'y associaient, composaient et ouvrageaient de magnifiques sessions dans les vagues
...
Hélas, aucune image en navigation de cette époque, du siècle dernier, si ce n'est cette vue plus tardives d'une renverse imminente SE / SO ! ...
Nous sommes en 1989 - 1990
BALISTRA et ses vents d'Est à Sud-Est, ses vagues
***
Il fait doux. Seule la température de la mer change entre les équinoxes et le solstice. Après l'été, les pluies intenses et durables ravivent couleurs et contrastes du trait de côte Nord soumis aux aléas et à l'alchimie de la géologie. Terres granitiques ocreuses que le soleil par intermittence safrane, falaises crayeuses enchâssant tour à tour nos longues échappées, une certaine idée de la liberté.
Balistra, un nom évocateur, empli de souvenirs, un coin de bout du monde, distant par la vue de toute trace de vie humaine, exceptées les verrues et le terre-plein en tuf abandonnés par l'armée, un dispositif infamant qui défigure une partie de la vaste plage de sable blanc, les bords d'un maquis littoral jadis exceptionnel de diversité, ponctué de genévriers de Phénicie de toute beauté
!
Le vent hâle l'Est de la Rose, faiblit dans les premières dizaines de mètres de la frange écumeuse des vagues. Il est très certainement et légèrement dévié en hauteur par les crètes qui le masquent. Franchir la barre relève de la gageure. Des séries de lames incessantes déferlent. Le cap ainsi suivi, la vitesse amoindrie et l'angle d'attaque que le vent et les rouleaux imposent à la navigation au prés serré ne permettent aucun gain significatif sur les rouleaux. Le matériel y est roulé !
Michel B / Full Bottom dos placé ! Yesss, Michel ...
Envol
S'ADAPTER AUX CONDITIONS
Il me faut alors marcher sur la dune, porter la voile déjà gréée et rejoindre l'extrémité Nord de la baie, le grau de la lagune et sa baïne qui porte et remonte l'abrupt de la côte, à la faveur du courant.
De là, profitant de la belle échancrure, du concave régulier du long croissant de sable, je m' envole bâbord amure ; allure favorable qui me permet de rallier la bande marine où naissent les premières grandes ondes, avant qu'elles ne se métamorphosent en de puissantes orbes de sable. Il me faut évoluer dos au vent, exploiter des sections aléatoires pour ressortir assez vite, ne pas être happé par les séries de vagues nourries. La mer est opaque, limoneuse, marron. De larges veines sablonneuses en modifient l'aspect et la consistance
!
Nous naviguons entre les grains, anticipons de fortes averses qui imposent de regagner le bord. Certaines fois, dans le froid, sans abri, je rallie le véhicule et me blottis mouillé dans ce providentiel refuge ; je ne distingue plus la mer mais l'entends ; visibilité réduite, les grains s'abattent durant une heure : assourdissante attente !
Je navigue en 3.7 M2 Gaastra, sur Balistra, en Solo mais aussi, accompagné. Les sessions à plus de 2.50 mètres sont rares, certes, mais présentent toujours les mêmes caractéristiques sur zone.
ENTRE PATRIMOINE ET EXCEPTIONS LITTORALES MINERALES
Un temps, une époque que la pluie abonde, sans commune mesure, des jours durant, remplissant nappes phréatiques et grandes mares temporaires ( Padule ) que les hauts et les lointains du site abritent, au-dessus de Capicciulu di i Vulpi. De là s'écoulent et courent jusqu'en été de splendides ruisseaux fleuris, habités. Milles oiseaux, des pigeons ramiers y logent et s'abreuvent aux sources cachées. Un enchantement sans pareil, un territoire riche en vestiges, hauts lieux de pastoralisme, d'exceptions et de niches écologiques majeures.
Balistra, la plus belle des baies sise dans un vaste golfe qui se découvre, encore et toujours, certes, sous d'autres ciels. Le coeur et la mémoire s'y prètent. Un merveilleux jardin qui doit aujourd'hui interpeller les décideurs afin que soit préservé et protégé une exception patrimoniale insulaire.
Les coups de mer y étaient à la fois nombreux, fréquents et modifiaient souvent le Lido. La grande lagune s'enfonce dans les terres aux versants prononcés et rayonne à la semblance d'un lac de montagne, recueille de remarquable espèces limicoles qui font escale, lors de leur migration.
Les jours de ciels bleus ne sont que rêveries
JE ME SOUVIENS
La rumeur de la mer, ses voiles d'embruns se distinguent sitôt parvenu au tout premier panorama ouvert sur l'Azur. La lagune nous livre alors deux signes infaillibles qui font de la session un moment à part, privilégié, unique : les risées et les moutons balaient les eaux saumâtres tandis que les dernières vagues roulent sans relâche vers le fond de l'anse, aux pieds du maquis littoral, obstinément, tel un appel ! ...
Ma planche dévale des pentes liquides et massives ; je suis jeune et réagis au plus près des exigences de ces vagues étonnantes, espacées. De profonds vallons fusent vers la côte en ondulant, se métamorphosent au gré du dessin et de la courbure du rivage. Un rivage qui disparaît sporadiquement derrière la vague qui me précède. Je tente de ne pas commettre d'erreur. Le mât de ma 3.7 m2 tutoie la crète des vagues. Je suis bien à
BALISTRA
En 1990, une session après le boulot, annoncée et conforme à toutes les prévisions du moment, sans faillir
- MARIN -
A LA RECHERCHE DU TEMPS
Contribution pour le WIND_SURF insulaire Corse
1 ère Ecriture le 13 Mars 2022
Revu et corrigé en cette soirée de pluies abondantes, enfin ! Puissent - elles durer, longtemps
________________________________