MIGRATIONS ! ...
Je reviens sur un souvenir ! Fort vent de terre qu'ignorent ces nobles et grands voyageurs... Respect et fidélité au vol des hautes sphères. Mais ils ne savent pas ce qui les attend, sur la terre devenue mortifère des armes contre Nature ; entre deux Mondes, en effet ! Dans le lointain Ponant, l'enfer des eaux des ciels se déchaîne, tue des centaines de personnes, ravage le trait de côtes, bouleversent tout !
POINTS DE RUPTURE MAJEURS
ENTRE DEUX MONDES
Une profondeur de champs que les vents de terre amplifient en soufflant vers le large. Comme s'ils devaient tout emporter avec eux, qui fût indésirable, qui rompît à l'harmonie des saisons, des dernières lunaisons et des Îles voguant vers l'hiver.
J'aime pourtant ces invitations au départ, à bord de l'échappée, du solo, à la lisière de la saine clarté des anges. Les grands migrateurs y tracent leur route immuable, regagnent depuis le septentrion des contrées plus amènes puis, font escale, en choisissant " Kallistê ", la plus belle des Îles, ses hautes fûtaies, ses massifs découpés, ses combes boisées où se ressourcer à satiété, comme toujours. Les baies sont là, qui les espèrent et leur tendent des bras de terre, sous la dense ramée et la frondaison généreuse
!
Je vis, dès ce matin, haut dans les ciels de l'automne, dominant le hameau, de nombreux essaims de pigeons voyageurs. Ils parcouraient l'azur, volaient déjà si haut, prenaient leur allure de croisière hauturière. Je louai un instant cette merveilleuse aventure engagée par-delà les vastités de la Grande Mer.
Je priai afin qu'ils ne fussent pas abattus en vol par une horde de prédateurs prompts à rivaliser de la gachette, de la ceinture de chasse bardée de petits corps inertes. J'aurai assisté, là-bas, à maintes reprises, à de véritables carnages de ramiers, de grands voyageurs tués sur la route vraie.
Je traversai un jour, lors de l'une de mes échappées en mer, par vent de terre, plusieurs essaims de ces merveilleux pèlerins du Grand Bleu. Je volai avec mon aile et fus des leurs, allant sans bruit au ras des flots, remontant avec eux les vents d'amont. Je ressentis une euphorie, un profond sentiment d'appartenance au grand Tout, un partage incessant de l'espace - temps sans fin ni limite
!
Je voue à ces êtres mystérieux un amour infini. Les oiseaux évoquent la vie, le chant, le voyage, les grands espaces, l'amour, la liberté, l'envol précieux de l'âme libérée de toute entrave. Je recherche souvent leur compagnie, en mer, en rejoignant les Puffins Cendrés, les petits Albatros de Méditerranée. Et même s'ils s'avèrent d'aucun secours en cas de fortune de mer, ils captent et guident mon attention, canalisent l'humilité qui est mienne, dont je dois faire la preuve de sa limite, auprès d'eux.
Ne m'ont-ils pas appris à tournoyer dans les airs, à survoler les flots, à jouer avec l'embrun des vagues et des crètes écumeuses, le vent fort, l'envol dont je procède encore des principes fondamentaux avec sûreté
?
J'ai entendu, durant des heures sombres, au zénith du soleil, la chevrotine claquer, dilacérer les ciels du Grand Sud de l'Île de Corse, transpercer les choeurs chaleureux de mer-nature aux noces de la terre, des ciels et de la mer.. Combien de tireurs auront été à l'affût, dans le maquis, trahissant et plombant à jamais le vol des nobles ramiers ? Combien d'oiseaux auront été perdus en chutant dans l'inextricable atavisme, livrés à l'injonction de l'us et de la coutume, pour quelques bouchées rendues à la panse arrosée de rouge, auréolée de rires gras
?
Pour ma part, j'ai choisi l'autre versant des Mondes. Voler aux côtés de ces êtres fabuleux, de ces messagers séraphiques de " l'Eau - Delà " des mers et des océans venus honorer une Terre et ses immémoriales préciosités que l'empathie et la pensée préservent et embrassent.
Ils en font les charmes, procèdent du grand Tout, de l'harmonie, de la fusion, de cette merveilleuse opportunité de voler et de voyager ensemble si près du chemin de vérité : j'évoque la migration des âmes, l'éternel retour, les rives de la palingénésie
!
Ainsi d'une pensée en mer, d'un marin à terre, de ses navigations où le regard marie les ciels et la mer, où l'âme rejoint en planant les desseins oniriques et pacifiques des Grands Espaces. Qui peut entendre et considérer ainsi la détonation, lancé à pleine vitesse, d'un board à l'autre du golfe aux " Vingt Bois ", ivre, grisé de tout et demeurer de marbre en rompant au Tout ? Plain azur, horizons cristallins en Corse, qui se serait douter que la péninsule ibérique, à l'Est, face à nous, fût ainsi frappée par un ouragan méditerranéen d'une ampleur cataclysmique
?
Que je témoigne et relate ce qui pour moi reste un accroc à la vie, au respect de la vie. En ces jours endeuillés, l'hécatombe des grands voyageurs et des rossignols se poursuit, partout. Dans les villes, en ces temps d'accidents climatiques tragiques ; les signes du ciel ne nous sont plus favorables. Les oiseaux y meurent par milliers, disparaissent quand ils pressentent le déluge, l'ouragan, les foudres des ciels - airpocalypse. Que de pensées à nos voisins, en deuils, en ces jours de recueillement, violemment frappés par des intempéries effroyables, inimaginables.
Quand l'eau, la mer, les rivières basculent du jeu, de l'émoi vers le chasme de la frayeur, de l'effroi, de la mort
!
MARIN
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" MARIN A TERRE " - " NATURELLEMENT NÔTRE EVOCATION DE LA NATURE "
Le 31 Octobre 2024