3 janvier 2021
RECIT EN IMAGES ! ...
Passer cette barre où les vagues abondent, franchir ce seuil, à la merci d'une saute de vent, de la chute et des courants pour enfin rejoindre les ailes du vent
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ANABASIS *
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* Terme de musique des anciens Grecs indiquant une mélodie ascendante, appelée aussi Euthia et Lepsis.
Anabasis, c'est la « montée » vers l'intérieur en venant de la mer
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Teintes et moires iroises, nuances dans les tons, palettes et aquarelles impressionnistes de la mer en camaïeux, en cheveux d'embruns ! Comme un éternel printemps,
je la vois qui bourgeonne et fleurit sans limite en sertissant terres et cimes enneigées.
La nuit, le jour, sous les grains sombres et Séléné pleine, enclosant toute clarté d'après ses ombres,
éclairant la nuit obscure depuis la nuée dolente des brisants. Que de faisceaux radiants, les abysses composent, indéfiniment.
En ces tout premiers élans de l'année 2021, contrastes et lumières interpellent ! Mais le soleil fugace ne suffit guère à tempérer un froid vif, cinglant. Le vent fort en redouble le ressenti, aux pieds des montagnes. La pluie s'est installée et ne nous quitte plus dans les vallées ; une situation qui préoccupe, on dira un excès, un extrême climatique
!
Une chute qui me vaut un défilé - rocailles locales - en bonne et due forme ; relève-toi et, Marche
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Les vagues déferlent, innombrables, décalées, hâlant le Sud du vaste domaine insulaire qui se serait comme esseulé. Une barre qu'il faut passer tout en dérivant fortement vers les seuils rocheux ; je les redoute, parsemés, hérissés de secs et de blocs.
Courant, reforme de vagues brutales et soudaines happent et projettent quelques bois flottés. Un tronc sur la grève subit un lancinant ressac ; obsession vague.
Malmené je suis et me révèle, sans ressource, surchargé d'ans, à bouts de maux silencieux !
Aucun cadeau de bienvenue à attendre ; ainsi du lot dont le tarif ne change jamais.
Marin, revois donc les conditions d'un partage exigeant, incessant ; que ne démérites - tu pas assez depuis que le miasme génétiquement modifié aura infecté ton foyer, au dernier printemps !
Sitôt à l'eau, le fort coup de vent s'établit. Les éclaircies défilent au diapason de l'ombre portée des nuages, marquant, solidaires, le tempo d'un ballet total, sans concession, absolu. Relève-toi !
Je navigue sur des eaux criblées de cratères fumants. La petite planche courbe ricoche, tosse durement. Il m'est impossible de garder une vitesse constante, un cap qui atténue les à coups ; l'effet des fortes rafales fouette et malmène le gréement. Les secousses répétées, intenses, rabaissent l'espar qui me sert de bôme ; le déséquilibre devient intenable : il me faut rentrer, y remédier sur le sable et affronter à nouveau l'impasse minérale.
J'aborde de façons très aléatoires, incertain, rampes et tremplins mouvants, croisés ; sauts hasardeux, risques de mauvaises chutes, incontrôlées : lève le pied ! Ton manque de préparation est évident.
Alors, reviens à la raison. Quelle éprouvante mesure s'infliger au royaume des libertés sans code et de la gestuelle déliée
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Le vent fort reste une école de rigueur et de vérité. Il convient tout d'abord de naviguer sans commettre de " fautes " ; la phase préparatoire à terre décide du dénouement de l'échappée ! Après, aviser et, tenter. L'humilité en est la règle première. Et lorsque le virement de bord s'exécute sans ralentir ni tomber, survient alors une maigre mais précieuse consolation, cet ersatz de la satisfaction des humbles.
Rejoindre le bord sans avoir brisé ni perdu un élément de son esquif dans les cailloux, ne pas s'être blessé, certes, n'est-ce pas essentiel ?
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Les pieds ayant subi l'acupuncture sans ménagement des oursins, de la dernière oursinade incivique, ( coques brisées rejetées à l'eau ), m'imposent une toute autre démarche. Le froid, les sabots gourds qui me tiennent debout donnent à l'individu qui claudique sur la dune des allures d'Albatros moqué, rallié, jadis, sur le tillac des vaisseaux cap-horniers !
Le temps fuse. En pareils contextes, la moindre semonce compte, grève un présent de luttes et de constances sursitaires... Douter, se lever, tenir debout, reculer l'échéance tout en osant réveiller quelques rares pans animés de jeunesse ? y aurait -il quelque espoir de regain, d'harmonie recouvrée entre le corps et l'esprit, ne serait-ce que pour rallier les horizons de l'âme qui perdure, demeure et flotte, sans abri, quelque part, nulle part ailleurs où aller, depuis toujours, en croisant déjà demain ...
La mer prend, accepte, rend au rivage, quoiqu'il advienne. Tu le sais, pourtant, aller en mer suppose que tu aies pris connaissance du pacte scellé, celé.
Le ciel et la mer tissent la chaîne et la trame des jours, avec ou sans écume, oeuvrent pour le temps qui s'étire. Dimension littéralement insensée que l'océan labyrinthique d'une Âme à la Mer ...
Et s'ils s'égarent, se perdent, s'affolent, bouleversent les grands équilibres qui leur échappent, inexorablement, depuis que l'homme est ciron et dieu, dont la foi dichotomique et meurtrière poursuit déconstruit et repousse à toujours, ici-bas, le jour d'après.
- MARIN -
Récits et Ouvrages marins
1 ère Ecriture de l'an 2021
03 Janvier 2021
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