CIELS DE CORSE ! ...
La poésie des ciels insulaires nous quitte et avec elle, le vaste chant des rimes du vent, les champs de la lumière irradiant " Kallistê ". Adieu aux dictons, aux adages populaires, marins, champêtres, dévoués aux saints du calendrier. Que de signes surprenants de vérité, à la fois mystérieux et rassurants tant ils évoquaient demain, décembre ou juillet, désormais désertent et ne répondent plus à l'appel de ce qui fut de sourenaine beauté et si pur. Ouvrir les yeux, lever la tête aux ciels, prendre le temps d'observer et surtout de comparer les faits actuels aux souvenirs translucides de notre enfance, de notre jeunesse, de nos échappées à travers les montagnes fraîches le jour et froides les nuits d'étés.
Mais qui parle des Ciels
!
Je ne reconnais plus, depuis longtemps, les ciels de l'Île de Corse. Si les vents Ponant - Maestrale - Libecciu - Grecale - Levante - Tramuntana - Sciroccu, les lavent en traversant l'Île, ils reprennent aussitôt ces teintes fades, une clarté diffuse et lourdement brumeuse. L'été semble avoir tiré un trait et barré la voie des horizons bleus !
La haute chaîne de Cagna, l'Île de Sardaigne au loin et dans le Sud immédiat de nos côtes Sud-Ouest disparaissent derrière un voile de brumes épaisses et tenaces, tirant parfois sur l'orangé, le jaune pisseux et sale de la pollution urbaine et marine, l'ocre des sables du Sahara portés par le Sciroccu et que les particules rejetées par toutes les sources d'émissions et de productions de gaz viennent souiller.
UN APPARTE CONSTERNANT QUI AJOUTE A LA SALETE DE L'AIR
Sur les routes de l'Île de Corse, 65 % des automobilistes jettent leurs détritus, déchets, ordures, par la fenêtre des voitures sans honte ni scrupule / résidents corses, continentaux, touristes , la route nationale, les petites départementales se voient ainsi conchiées outrageusement, sans limites, tout le long des voies lentes ou rapides, dans les bas-côtés, sur les bords de la chaussée, à l'intime du maquis, sur toutes les aires de repos, à l'orée et au coeur même des communes et des agglomérations ; infectes, inacceptables attitudes !
Gestes de grandes gratitudes de ces derniers, rustres et irrespectueux envers l'Île de Beauté qui les accueille et qui les fait vivre ! Un gigantesque tas d'immondices qui finira dans les eaux de nos rivières, dans la mer, enfouis sur nos plages par les algues, emportés par les eaux des crues et des épisodes méditerranéens, etc
!
VERS LES CIELS
Une interminable file de voitures et de camions serpente à toutes heures, telle une colonne infernale en marche qui sature jamais. Le maigre réseau routier, vomit à l'instar des aéroports et des ports une fumée acre, nauséabonde, agressive.
Les routes sont noires, les parkings des grandes surfaces sont noires et non boisés, non végétalisés ou si peu, si mal, recouverts de tôles réfringentes. Les toits des immenses structures métalliques renvoient une chaleur étouffante, artificielle, malsaine, tenace, anormale. Les routes goudronnées exacerbent les pics de chaleurs !
Je ne reconnais plus les ciels de mon île, ceux qui m'accueillaient il y a plus de 50 ans, au réveil, en accostant au quai des ports de Cyrnos, alors que nombre des décideurs actuels n'étaient pas encore nés !
Les ciels de nos bergers, de nos pêcheurs, de nos montagnards, de nos Anciens partis vers l'estive et la transhumance, des ciels d'aurores et de couchants féeriques, solennement clairs, cristallins, tellement variés, parfumés, peuplés par une foule immense de nuages frais et bas, hauts et givrés à souhaits.
Qu'avons - nous perdu, fait, détruit ? Que laissons - nous encore faire et ainsi dévaster au nom de la croissance et de l'or noir, du billet vert empoisonné, du culte de la masse et de la prédation, de la saleté
?
Des jours, des semaines durant, le bleu du ciel s'estompe, s'uniformise, dégénère, gagne des espaces marins et terrestres considérables. Les nuages de l'étage bas ont disparu, nous ôtant ainsi les sources bienfaisantes d'une humidité conséquente, tandis que vers l'étage supérieur, des nues fines et voilées, des nappes figées acuitisent l'effet de serre déjà généré par les gaz et les particules, happent le peu de vapeur d'eau projetée en très haute atmosphère.
Et quand viennent à se lever les vents régionaux, à l'avant de toute perturbation, les ciels se dégradent, versent dans l'opacité brûlante d'un souffle inédit, angoissant, moite et suffocant. Il faut alors attendre de longues heures, le régime de la traîne pour que l'azur enfin revienne, avant que de disparaître à nouveau, avec le retour des touffeurs estivales mondialement aggravées ...
Il y a bien longtemps que je relève des signes annonciateurs d'un chaos atmosphérique. La vie de l'atmosphère a totalement changé. Je la vois comme bouleversée, atypique, surprenante et soudaine, dépossédée de tous ses indicateurs de salubrité, ses signes de relative pureté.
Que nous soyons en bord de mer ou en montagne, le bilan reste identique ! Nous envoyons et rejetons trop de gaz, de particules, mettons en mouvement des quantités de poussières phénoménales sur les routes, par le seul fait du déplacement des véhicules ; tout cela engendre un coût, désorganise les grands équilibres saisonniers, et les villes accusent de terribles impacts sanitaires.
Il arrive souvent, aux premières heures du matin, que l'horizon disparaisse du champ de vision ! Une nappe de pollution glisse sur la mer. Triste et tragique rencontre des ciels et de la mer, avant que ne se lève la canicule. L'extrême chaleur ajoute à la turbidité de l'air et de l'atmosphère !
Vortex et dômes de chaleurs insupportables, extrêmes, viendont bientôt asséner leur coup de grâce, ne laissant plus de mettre la terre et le ciel en surchauffe, chauffés à blanc, telle cette vision qui ce jour et sur la route saturée de véhicules me dicte ces lignes et confirment
un Mal de Terre et aux Monde désormais incurable
Je dis aux tyrans :
_ " Que la grand messe et la curée continuent, vous êtes sur la voie d'un suicide collectif de masse, vous sacrifiez la Planète "
Mais vous n'aurez pas la mer, le ciel des marins parce que
" La mer n'existe pas car la mer n'est qu'un rêve "
Robert DESNOS
Extrait du Poème / De Silex et de Feu
- MARIN -
Mal de Terre Mal aux Mondes
1 ère Ecriture le 09 Août 2021
A l'occasion de ces rares sorties de premières nécessités, quelques kilomètres
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